6500 m² de surface, mais pas un gramme de sol et pas de contact avec le soleil : la plus grande ferme aéroponique du monde a vu ses premières graines plantées au mois de mars.
INTÉRIEUR. C’est un immense hangar du quartier Ironbound à Newark (New Jersey) où se succèdent à l’infini des étagères pleines de salades, roquettes et choux. Les plantes poussent à travers un fin tissu organique. Leurs racines reçoivent un brouillard d’engrais biologique et la lumière vient de LED. Bienvenue dans la plus grande ferme aéroponique du monde. Le projet est porté par une des sociétés les plus anciennes de l’agriculture urbaine. Créée en 2004, AeroFarms se revendique leader en matière d’agriculture “d’intérieur”.
La technique d’aéroponie consiste à nourrir les plantes en vaporisant eau et nutriments sur les racines et les feuilles. «Depuis dix ans, nous développons des algorithmes de croissance de plus de 250 légumes si bien que nous pouvons enregistrer en temps réel tous les besoins en nutriments et en eau des plantes selon leur stade de croissance, expose Marc Oshima, co-fondateur et directeur marketing d’AeroFarms. Nous pouvons ainsi donner tout ce que la plante veux, au moment où elle en a besoin, là où ça lui est le plus utile ». Même l’éclairage est réglé pour apporter la longueur d’ondes optimale pour la croissance des légumes. Marc Oshima ne craint pas de comparer AeroFarms à… Apple ! « Comme Apple, nous sommes propriétaires du hardware, c’est-à-dire le design et l’architecture de la ferme, et du software, ici les algorithmes de croissance des végétaux ».
Cellule de production de salades en ferme verticale. © AeroFarms
Une production maximum dans un minimum d’espace
PROXIMITE. Les promoteurs de cette technique mettent en avant de nombreux avantages : des rendements maximum tout au long de l’année, une arrivée à maturité des légumes en 12 à 16 jours permettant de 22 à 30 récoltes par an, une baisse de 95% des besoins en eau, aucun besoin de pesticides, une garantie bio et non OGM, et un recyclage intégral des nutriments non utilisés. Evidemment, la technique a besoin d’électricité, mais ces dépenses énergétiques sont compensées par le fait que les plantes poussent en pleine ville, à proximité des consommateurs, réduisant ainsi les besoins de transport. La ferme de Newark va produire 1000 tonnes de choux et salades par an. 78 emplois y ont été créés.
Le projet emprunte au concept de “ferme verticale” développée par Dickson Despommier, ex-professeur de l’Université de Columbia à New York. Selon cet universitaire aujourd’hui à la retraite, les fermes verticales utilisant des techniques économes en eau et en engrais vont s’imposer au cours de ce siècle où 80% des hommes vivront dans les villes. Les fermes verticales présenteraient le double avantage d’économiser de l’espace agricole et de produire à proximité des consommateurs. L’idée en tout cas séduit les entreprises les plus cotées. Une partie du projet d’AeroFarms de 39 millions de dollars (36 millions d’euros) a été financée par la banque Goldman Sachset Prudential, groupe d’assurances qui investit dans l’aménagement des villes.
Les fermes urbaines sont des projets qui visent principalement les jeunes citadins “branchés” soucieux de manger bio et local. Ainsi, l’implantation dans le quartier Ironbound ne doit rien au hasard. Baptisé de ce nom parce qu’il a été longtemps le principal centre industriel de construction de charpentes métalliques aux Etats-Unis, le quartier est en pleine mutation sociale et urbanistique et veut désormais accueillir les jeunes cadres new-yorkais.
Avec Sciences et Avenir