RISQUES. CCR est le réassureur public qui couvre les risques qui ne sont pas supportables pour le marché de l’assurance. Il s’agit des catastrophes naturelles, des attentats et des risques exceptionnels comme un accident industriel ou l’explosion d’une centrale nucléaire. Cette société anonyme détenue à 100% par l’Etat est abondée par une prime de 20 euros en moyenne prélevée sur les contrats d’assurance des particuliers. Les inondations comptent pour 56% des coûts induits par ces évènements climatiques contre 38% par la sécheresse (7% « autres » soit séisme, avalanches, mouvements de terrain, etc.). Entre 1989 et 2013, les inondations et sécheresses ont coûté à la nation 24 milliards d’euros soit 965 millions d’euros en moyenne par an. 2016 sera une année atypique du fait des inondations de ce printemps en Loiret et Seine-et-Marne. CCR estime que ce seul épisode va générer entre 900 millions et 1,4 milliard d’indemnisations de biens sur les 782 communes reconnues en catastrophe naturelle.
Orages cévenols et gonflement d’argile
RÉTRO. Pour les inondations (540 millions d’euros de dégâts annuels en moyenne), le sud méditerranéen avec les orages cévenols, le nord de la France (inondations) et la côte Atlantique (submersion marine) sont les zones les plus touchées. La carte des coûts cumulés de la sécheresse (365 millions d’euros par an) correspond aux sols argileux du sud-ouest de la France et de la région parisienne. Les principaux dégâts non couverts par les assureurs concernent en effet l’aléa retrait-gonflement des argiles qui détruit les maisons construites sans fondations profondes.
Ce petit coup de rétro effectué, le réassureur a voulu savoir ce qui attendait les Français. Dans une étude conjointe avec Météo France, CCR revisite 200 années de données climatiques passées et se projette sur le climat 2050 tel qu’il devrait évoluer selon les climatologues. Ces résultats ont permis de dresser des cartes d’extension des aléas inondations et sécheresses à de nouvelles zones exposées. Le CCR a ensuite utilisé les montants des biens assurés qui se trouvent sur ces espaces nouvellement sensibles. Le modèle a également ingurgité les données socio-économiques de croissance du PIB et d’augmentation de la population. C’est ainsi qu’on arrive à un accroissement annuel des pertes de 965 millions d’euros aujourd’hui à plus de 2 milliards en 2050. Cependant, 20% seulement de cette hausse sont dus aux effets du réchauffement climatique (augmentation des zones inondables, sécheresses plus fortes, hausse du niveau des mers). Les 80% restants proviennent de l’augmentation de la valeur des biens assurés. Deux raisons à cela : l’inflation et surtout la croissance de la population française qui induit des constructions dans des zones à risque.
14 000 communes préparées pour la prochaine catastrophe
PRÉCAUTION. Pour éviter ces coûts, une seule solution, la prévention. Depuis 1995, le fonds dit «Barnier » du nom de l’ancien ministre de l’Environnement Michel Barnier, effectue un prélèvement de 12% sur les primes catastrophes naturelles des contrats d’assurance. En 2014, ce fonds a dépensé 158 millions d’euros dans l’acquisition de bâtiments trop exposées aux catastrophes et 81% dans des mesures de réduction du risque. 6% ont servi à co-financer des plans communaux de sauvegarde (PCS)auparavant appelés plans de prévention des risques. C’est dans ces plans que réside l’essentiel des mesures de précaution. Les communes concernées doivent obligatoirement mettre en œuvre des mesures d’alerte et d’atténuation des dommages. Fin 2015, 14 000 communes avaient ainsi publié leur PCS. Le mouvement s’est accéléré avec la mise en place du mécanisme de modulation de franchise qui consiste à doubler voire tripler la franchise des assurances dans les communes qui n’ont pas mis en œuvre leur plan. Une bonne raison pour les administrés de faire pression sur leurs élus.
Pour CCR, l’Ifop a sondé les Français sur leur appréhension du risque. Si 82% des Français se disent inquiets des phénomènes de catastrophe naturelle, et 53% se sentent concernés, seul la moitié se dit très bien informé sur les risques. 79% se considèrent cependant bien assurés. La conscience du risque commence à avoir un impact économique. 92% des Français répondent en effet “oui” à la question «si vous étiez à la recherche d’un bien immobilier, sa localisation en zone exposée aux catastrophes naturelles pourrait-elle vous faire renoncer à l’achat ou à la location de ce bien? » (60% absolument, 32% probablement).
avec yahoo