« Publicités mensongères, irréalistes, dérives… » Les spots signés par les Religieux et Tradi-praticiens ont pris un véritable coup de massue de la part des autorités ivoiriennes. Le gouvernement a fini par suspendre lesdites annonces sur la télévision nationale en février dernier. Aussi pour des raisons environnementales, les sachets plastiques font l’objet d’interdiction. Quelques faits qui ‘’brisent‘’ l’équilibre desdites décisions.
Officiellement, le gouvernement de Côte d’Ivoire est monté au créneau le 17 février dernier parce que « Ces personnes (les Religieux et Tradi-praticiens, Ndlr) se livrent à des prêches, des publicités mensongères, des propagandes qui ne sont pas bonnes pour l’équilibre que nous souhaitons dans notre pays… Désormais ces annonces doivent être diffusées après un strict contrôle à priori… » Martelait le Porte-parole, le Ministre Bruno Koné, au sortir de la réunion hebdomadaire des premiers décideurs d’Eburnie.
En décryptant ces instructions du sommet, l’on comprend aisément la fermeté avec laquelle les autorités ivoiriennes verrouillaient les portes de la Maison bleue aux personnes concernées. Certainement tenant compte de l’impact qu’à le support RTI sur les populations.
En seconde lecture, vue l’audience de la télévision nationale, la probabilité que les annonces émanant de ces chapelles ‘’emballent’’ les populations est très élevée.
D’ailleurs la première édition des « Déjeuners de la RTI », organisée le 03 février dernier, peut servir à cacheter cette thèse. A ce rendez-vous consacré à la présentation du contenu des programmes, des innovations et aux résultats enregistrés en 2015, le Directeur Marketing Jean-Luc Gnakoury, a fait savoir en effet que RTI 1 a enregistré, à Abidjan et Bouaké, 2,252 millions de spectateurs (72% de l’audimat) et RTI 2, le chiffre de 2,194 millions dans ces deux villes (70%). Représentant le nombre et le pourcentage d’individus ayant regardé une chaîne de télévision la veille, quelle que soit la durée.
Les ‘’commerçants du sexe’’ ont-ils leur sésame ?
Des milliers de téléspectateurs sont exposés aux « prêches, publicités mensongères et autres propagandes » des Religieux et Tradi-praticiens à travers la RTI ; soit.
Mais ils ne sont pas moins nombreux ceux qui permanemment se laissent trahir le regard par ces publicités qu’on peut qualifier de ‘’pub du nouveau monde’’. Ces affichettes barrées : « Développe Fesses, seins et Sexe » ou carrément, « Grosses F…, Gros S.. ». Là encore, il faut compter avec des guérisseurs qui affirment traiter et guérir le Vih-Sida et d’autres pathologies désignées pour l’instant cliniquement incurables.
Cette race d’annonceurs jouit de plusieurs ‘’privilèges’’ : (i) la permanence. Car du 1er janvier au 31 décembre de l’année, leurs campagnes sont très visibles. Ensuite, la densité du réseau (ii). Étant donné qu’il existe très peu de carrefours, de poteaux électriques, de feux tricolores ou alors de murets séparateurs en Abidjan qui n’abritent pas leurs affichettes. Enfin, ces ‘’commerçants du sexe’’ communiquent presque ‘’gratuitement’’ (iii).
Le gratuitement est mis entre griffes par prudence puisque nous ne sommes pas dans les secrets des dieux. Nous-nous comprenons assurément.
Dans tous les cas de figure, les messages sont diffusés et touchent tous ceux qui habitent Abidjan et qui sortent au moins une fois dans l’année de leur logis.
Alors interrogations : ces publicités ont-elles été soumises au « strict contrôle à priori » ? Les pouvoirs publics ont-ils donné quitus à ces annonceurs ?
Ya danger pourtant !
En se greffant aux panneaux publicitaires réglementaires, ces afficheurs défient à la fois le Conseil Supérieur de la Publicité (CSP), et surtout le Ministère de l’Intérieur, de la Santé Publique ainsi que celui de la Salubrité.
Pour la simple raison que leurs actes mettent à mal, les bonnes mœurs, la salubrité publique, la déontologie publicitaire et la santé publique.
Parlant de bonnes mœurs, il est clair que le sexe, terme et organe sacré, est désacralisé davantage à travers ces affichettes. Que répondra-t-on si un gamin venait à poser cette question : « Tonton/tantie : Développe sexe ça veut dire quoi ? » Aidons-nous dès à présent à trouver les mots appropriés. Car nul n’est à l’abri de ce genre de situations embarrassantes.
Au niveau de la santé, les effets néfastes de l’usage de ses produits sur le corps sont connus de tous. Quant à la salubrité, nous convenons que ces affiches ternissent la clarté que des administrateurs tentent de donner à leur commune en ce moment.
Quand le sachet plastique s’invite à la pub
Certains spots publicitaires diffusés sur la chaîne d’Etat ivoirienne ont retenu notre attention. Loin de nous l’idée d’entacher l’image d’une quelconque marque. Toutefois, des ‘’contrastes’’ existent à ce niveau là. Trois (3) exemples indicatifs pour illustrer nos observations.
Commençons par cet Annonceur qui pour promouvoir son produit a mis en scène trois (3) acteurs : un boutiquier et ses deux clients.
Pendant qu’un des clients s’est fait servir un produit (le produit promu, Ndlr) présenté comme plus pratique, l’autre demande à avoir du sucre et du café ; histoire d’aller se faire une tasse de café. Pour finir, le boutiquier lui remet les articles demandés dans un sachet de couleur noire.
La question est de savoir si ce sachet est biodégradable comme l’exige le décret du 23 mai 2013, entré en vigueur depuis le 08 novembre 2014, portant interdiction de la production, de l’importation, de la commercialisation et de l’utilisation des déchets plastiques en Côte d’Ivoire ?
Notre interrogation prend son fondement dans le fait que les biodégradables se présentent généralement sous un aspect qui n’est pas forcément celui de l’emballage de l’acteur dans cette pub.
Par ailleurs, ne serait-il pas judicieux pour l’Annonceur ou du moins l’Agence, de lever toute équivoque en ‘’actualisant’’ le spot ? Le débat est ouvert !
Ensuite dans un autre contexte, un autre Annonceur nous montre un Technicien de surface qui réussit à soulever un haltère d’une certaine masse après avoir consommé son produit.
Enfin, nous retrouvons une autre forme de ‘’fantaisie publicitaire’’ avec une marque de boisson dont la promesse est de procurer une force ‘’indescriptible’’ aux potentiels clients.
« En publicité, la créativité est sans frein » répondront certains pour soutenir ce scenario. Seulement, juste une question de logique : ces messages sont-ils diffusés « après un strict contrôle à priori » ?
Avec Strat’Marques