En se lançant autant qu’il le fait depuis quelques semaines, dans une fastidieuse campagne nationale de constitution du capital de démarrage d’une institution spécifique de financement du monde agricole, Janvier Mongui Sossomba, président de la Chambre d’agriculture, met sans doute le doigt sur l’un des maillons les plus faibles de l’actuel dispositif gouvernemental de relèvement de la productivité de ce secteur de l’économie.
Un point de vulnérabilité au sujet à propos duquel l’homme ne manque pas de faire valoir ses convictions désormais clairement établies en la matière : « sans argent, répètet- il à l’envie, il est impossible d’avoir un secteur agricole fort et performant ».
A ce jour donc, un marathon dans l’ensemble des capitales régionales pour expliquer, parler, prendre la peine de dire à tous ces hommes et femmes, souvent ignorants des enjeux fondamentaux, en quoi il est important de partir vers la direction qu’il propose. La question des financements dans le secteur agricole est, on le sait, objet de grande mobilisation des pouvoirs publics qui, ces temps derniers, ont inondé l’espace public de toutes sortes d’annonces.
L’une d’elles étant la mobilisation, du temps de l’ex-ministre en charge de l’Agriculture, de quelques 1 500 milliards de francs, pour le financement de ce que l’on nomma alors le Plan national d’investissement agricole (PNIA) – et dont on constate étrangement que le nouveau ministre ne parle jamais, un comme s’il se désengageait totalement des combinaisons de son prédécesseur.
Une manne financière dont on n’a jamais véritablement expliqué à quoi il servirait, et la façon dont il serait concrètement utilisé ; car, comme souvent au Cameroun, on parle d’abord que de l’argent et seulement de l’argent – et le reste (les projets, leur cohérence, leur utilité, leurs gains) presque jamais.
De l’argent donc, sans doute, que chacun cherche à tout va, sans que l’on ne sache précisément, dans le cas de la Chambre d’Agriculture par exemple, dans quelle direction il serait affecté et a fortiori quel type et quelle échelle d’agriculture il serait destiné à financer. Une indétermination stratégique qui rend sceptique quant à l’utilité des efforts actuellement déployés par Janvier Mongui et beaucoup d’autres, dans un horizon perdu, sans cap majeur où le gros de formulation des politiques publiques se fait sur fond d’une perpétuelle imprécation.
Le projet actuellement conduit par la Chambre d’Agriculture a sans doute du sens, mais un sens qui apparaît seulement en biais, sans réel endossement institutionnel et même politique du ministre de l’Agriculture ou de celui des finances. Comment dès lors faire confiance en une telle construction ?
Avec Actu Cameroun