La Chine et la Turquie ont exprimé son inquiétude face à une possible sortie de la Grande-Bretagne de l’Europe. En Russie, seuls les acteurs économiques semblent redouter le vote des Britanniques.
Le président russe, Vladimir Poutine, s’est gardé de prendre parti concernant le Brexit. / Natalia
À Pékin, les autorités prennent parti
Le ministre chinois des affaires étrangères, Wang Yi, a déclaré, lors d’une conférence de presse fin mai, que la Chine souhaitait « voir une Europe forte et impliquée dans l’économie mondiale ». Pékin a ainsi rompu le silence habituel dont il fait preuve sur les questions intérieures des pays européens.
Même le multimilliardaire Wang Jianlin, première fortune de Chine, et dirigeant du groupe Wanda, est intervenu dans le débat. À l’instar des dirigeants chinois, il a partagé son inquiétude de voir la Grande-Bretagne quitter l’Union européenne en déclarant au Sunday Times : « Le Brexit ne serait pas un choix intelligent, il créerait plus d’obstacles pour les investisseurs ainsi que des problèmes de visas pour les touristes ».
À Moscou, un Brexit coûterait 1 % du PIB
Le débat sur le référendum britannique n’a pas déchaîné les passions en Russie. Le président russe Vladimir Poutine, à la différence par exemple du président américain Barack Obama, s’est gardé de prendre parti. « Ce n’est pas notre affaire, c’est l’affaire du peuple britannique. J’ai mon opinion sur le sujet mais je ne veux pas m’exprimer à l’avance », déclarait le président russe à l’AFP, le 18 juin, pendant le sommet économique de Saint-Pétersbourg.
Pour les forces économiques de son pays, toutefois, l’inquiétude devient palpable à l’idée que le Royaume-Uni quitte prochainement l’Union européenne. Selon le PDG de Sberbank, plus grande banque russe, un tel scénario aurait des répercussions sur la croissance en Russie. Il en coûterait en effet près de 1 % du PIB russe.
À Ankara, l’argument du « danger turc » passe mal
Un Brexit pourrait porter un coup supplémentaire au processus d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. C’est donc peu dire que l’enjeu est de taille pour Ankara qui souhaite « à tout prix », selon le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu, que le Royaume-Uni, soutien de longue date à son adhésion à l’Europe, reste dans le bloc.
Cet argument d’une entrée future de la Turquie est utilisé par les pro-Brexit, au Royaume-Uni, qui n’ont pas hésité à jouer sur les peurs de leurs concitoyens. Une affiche représente ainsi un passeport britannique ouvert avec la mention :« la Turquie (76 millions d’habitants) rejoint l’UE ».
Le premier ministre David Cameron a répliqué avec ironie, en rappelant les lenteurs du processus turc d’entrée dans l’Union : « La Turquie a déposé sa candidature en 1987. Au rythme où avancent les choses, il faudra attendre l’an 3 000 pour la voir adhérer à l’Union européenne… ». Une manière aussi pour lui de ne pas froisser les 500 000 personnes d’origine turque vivant au Royaume-Uni.
Avec la Croix