BREXIT – A deux jours du verdict du 23 juin, les Français du Royaume-Uni sontdans le flou le plus total. Angleterre, Irlande, Pays de Galle, Ecosse… Ils sont très majoritairement hostiles au Brexit, mais n’ont pas leur mot à dire, et ne savent pas non plus ce que le scrutin leur réservera.
Quelle négociation avec l’Europe? Quel statut pour ces Européens devenus étrangers du jour au lendemain? L’enjeu est pourtant considérable. D’après les registres du National Health Service, l’équivalent de la Sécu, 300.000 Français vivent au Royaume-Uni, dont plus de 200.000 rien qu’à Londres.
“Le camp du Brexit s’est focalisé sur la contribution du Royaume-Uni à l’UE, sur la souveraineté et l’immigration”, témoigne au HuffPost Christophe Premat, député des Français de l’étranger pour l’Europe du Nord. En clair, rien n’a été clairement établi pour l’après.
Boris Johnson, ex-maire de Londres et champion conservateur des pro-Brexit, a souvent désigné la capitale comme la “6e ville de France”. Et il ne faut pas oublier tous les Français qui rêvent de travailler un jour dans ce pays où le chômage est deux fois plus faible qu’en France. “Le banquier de la City, c’est un mythe. Les Français de Londres travaillent aussi souvent dans le numérique, pour des start-up. Beaucoup d’entrepreneurs, mais aussi des jeunes en décrochage scolaire qui tentent de trouver leur premier job”, décrypte le député Christophe Premat.
Faute de savoir vraiment ce qui les attend, voici trois casse-têtes auxquels ils pourraient se trouver confrontés bientôt.
- Permis de résidence
Pour l’instant, l’appartenance de l’Hexagone et du Royaume-Uni à l’Union européenne dispense les Français de toute formalité administrative pour s’établir en Grande-Bretagne. Si le Brexit l’emporte, cela pourrait changer. Les Français deviendraient potentiellement des étrangers, au même titre qu’un citoyen extracommunautaire.
Ce serait un retour au droit commun. Par exemple, en France, les résidents étrangers de pays hors UE doivent détenir un permis de séjour. Ils ont une durée de validité de quelques mois, un an, ou 10 ans, d’autres sont encore réservés aux étudiants, etc.
Un joyeux maquis administratif dont se passent volontiers les Français au Royaume-Uni. “On me demande beaucoup s’il faut prendre la nationalité britannique, explique le député des Français d’Europe du Nord Christophe Permat. Il y a peut-être une tentation de la prendre pour se simplifier la vie, et une crainte face à la montée de la xénophobie.”
A chacun de faire son choix. Mais attention, ce ne sera pas donné à tout le monde. Il faut pouvoir justifier de 5 ans de résidence au Royaume-Uni et s’acquitter d’une taxe de près de 1000 livres.
- Permis de travail
La Grande-Bretagne pourrait aussi imposer la détention d’un permis de travail,comme la Suisse (qui n’appartient pas à l’UE) à ses ressortissants étrangers. Qu’ils soient issus de pays lointains ou frontaliers, tous doivent détenir ce précieux papier.
Si l’on se base sur le cas suisse, les règles ne seront sans doute pas les mêmes pour tout le monde. Pays de l’UE, cas particulier de la Roumanie et de la Bulgarie, pays extra communautaires comme la Chine, le Brésil, les Etats-Unis… Les conditions deviennent plus restrictives, des quotas peuvent être appliqués. Rien ne permet aujourd’hui de garantir que les Français n’y seront pas soumis.
- Aides sociales
L’UE et les immigrés coûtent trop cher aux Britanniques. Cet argument clé de la campagne pour le Brexit pourrait logiquement aboutir à une restriction des allocations familiales à destination des étrangers, y compris les Européens.
Le “frein d’urgence” est d’ailleurs l’une des grosses concessions accordées au Royaume-Uni en février. Il prévoit de ne pas verser certaines prestations sociales, comme les crédits d’impôts, les allocations familiales, et l’aide au logement, aux ressortissants européens pendant les quatre ans après suivant arrivée. Leurs versements deviendraient progressifs, en fonction des contributions fiscales de chacun.
Il y a fort à parier que les “Brexiters” reprendront cette revendication à leur compte en cas de victoire.
Avec huffington post