La Russie est plus que jamais un pôle d’attraction important pour les milieux d’affaires du monde entier. C’est le bilan principal du Forum économique international qui s’est tenu entre 16 et 18 juin à Saint-Pétersbourg.
Plus de 1300 entreprises dont 880 étaient représentés par leurs présidents y ont participé. 30 ministres de 21 pays y compris la Russie ont été également présents au Forum économique, que certains en Occident auraient préféré de voir moins fréquenté. Espoir déçu, pour accueillir un nombre record de participants (au total 12 000 personnes de 130 pays), le Forum s’est tenu cette année dans un immense centre flambant neuf de plus de 100 mille mètres carrés.
En trois jours, quelque 330 contrats pour un montant de plus de 13 milliards d’euros ont été signés. Et il ne s’agit là que des contrats officiellement enregistrés. En outre, le Forum économique de Saint-Pétersbourg a servi de plateforme pour des déclarations politiques. Et Vladimir Poutine en a profité pour répondre aux questions qui intéressent le plus les Occidentaux. C’est Fareed Zakaria, journaliste de CNN, qui avait le privilège d’interroger M. Poutine lors de la session homonyme de l’édition actuelle du Forum économique: « Au seuil de la nouvelle réalité économique ».
Ainsi, le journaliste américain a-t-il demandé au chef du Kremlin de commenter la décision du Conseil de l’Association internationale des fédérations d’athlétisme (IAAF) de maintenir la suspension des athlètes russes pour toutes les compétitions internationales. Pour V. Poutine le sport ne doit en aucun cas être politisé.
“Le problème du dopage n’est pas exclusivement russe, c’est un problème qui touche le monde sportif en général. Si d’aucuns essaient de politiser ce domaine, à mon avis, c’est une grande erreur, parce que, comme dans la sphère de la culture par exemple, il est inadmissible de politiser le sport. Ce sont des ponts qui rapprochent les gens, les peuples et les États tout entiers. En ce qui concerne les autorités russes, je souhaite souligner que nous sommes résolument contre le dopage et de ce fait, nous continuerons de lutter contre le dopage dans le sport. À ce que je sais, le Parquet général de la Fédération de Russie et le Comité d’enquête sont en train de vérifier les faits signalés dans les médias. Il est impossible d’engager la responsabilité collective sur tous les sportifs de telle ou telle Fédération si certains athlètes sont convaincus de dopage. C’est à chacun de prendre ses responsabilités. L’équipe n’est pas responsable collectivement de ceux qui ont commis cette infraction.”
Alors que le Comité international olympique (CIO) pourrait tout de même autoriser la participation des athlètes russes lors de sa prochaine réunion, l’affaire des supporters russes semble être close. Vladimir Poutine l’a également évoquée.
“On prête, il me semble, moins d’attention au football qu’à ces bagarres entre supporters. C’est un fait déplorable et je le regrette. Mais la loi doit être la même pour tous, c’est à chacun de prendre ses responsabilités et l’attitude envers des responsables doit être identique, quels qu’ils soient. Comment a débuté le Championnat d’Europe de football? Par une bagarre entre supporters russes et anglais. C’est un scandale! Je ne comprends pas tout à fait comment 200 de nos supporters ont pu passer à tabac plusieurs milliers d’Anglais, mais quoi qu’il en soit, l’approche des forces de l’ordre doit être la même envers tous les fauteurs de trouble.”
Trump ou Clinton? Cette question intéresse aujourd’hui toute la planète en donnant lieu à des spéculations de toute sorte. Pourquoi Vladimir Poutine qualifie-t-il Trump de brillant et de talentueux? Le journaliste de CNN a ainsi attaqué V. Poutine, qui ne s’en est pas laisser compter.
“Vous êtes connu dans notre pays, non seulement comme le patron de l’une des grandes chaînes de télévision, mais aussi comme intellectuel. À quoi bon tout interpréter autrement? Voyez donc ce que j’ai dit. J’ai dit en passant que Trump est un homme haut en couleur. N’est-ce pas la vérité? Je n’ai dit rien d’autre. Je n’y vois rien de mauvais, par contre, je salue le fait que M. Trump ait dit qu’il était prêt à revoir de fond en comble les relations russo-américaines. Nous le saluons tous. Et vous, non? Le monde a besoin d’un pays aussi puissant que les États-Unis et nous aussi, nous en avons également besoin… Il ne faut pas qu’ils s’ingèrent sans cesse dans nos affaires, qu’ils nous indiquent comment nous devons vivre, qu’ils empêchent l’Europe de construire de bonnes relations avec nous. Les sanctions dont vous avez parlé, concernent-elles les États-Unis? Elles ne les concernent en aucune façon. Ils s’en foutent de ces sanctions, parce que les conséquences de nos mesures de rétorsion n’ont sur eux aucun effet. Elles se répercutent sur l’Europe, c’est ça, mais pas sur les États-Unis. Effet zéro. Or, les Américains disent à leurs partenaires: il faut prendre patience. À quoi bon patienter, je ne comprends pas. S’ils veulent, qu’ils prennent patience. Matteo, à quoi bon prendre patience? Mattéo va expliquer…”
En effet, la session à laquelle assistaient Vladimir Poutine, Matteo Renzi et Noursoultan Nazarbaïev ne manquait pas d’humour. Mais les dossiers traités n’en étaient pas moins sérieux. En commentant les relations compliquées entre l’OTAN et la Russie, V. Poutine a assuré que Moscou ne voulait pas d’une guerre froide. L’OTAN, selon le président russe, n’est plus d’actualité: il n’y a plus d’Union soviétique, le Pacte de Varsovie a cessé d’exister. « A quoi bon étendre sans cesse l’infrastructure de l’OTAN, se rapprocher des frontières russes? » — a-t-il demandé. « L’adhésion du Monténégro…qui menace le Monténégro? Notre position est complètement méprisée ». D’après V. Poutine, ce qui crée les tensions entre la Russie et l’OTAN, c’est la politique d’actions unilatérales que poursuit l’Alliance. En s’exprimant sur la situation en Ukraine, le président russe a indiqué que « l’opposition qui est aujourd’hui au pouvoir [en Ukraine, ndlr] aurait, le plus probablement, accédé [aux responsabilités, ndlr] par voie démocratique à l’issue des élections ». Mais « il a fallu un coup d’État avec des victimes, des événements sanglants, une guerre civile, l’intimidation des civils russophones dans le Sud-Est de l’Ukraine et en Crimée. À quoi bon? Et après lorsque nous étions contraints d’appliquer les mesures en vue de protéger certains groupes d’habitants, on a aggravé la situation. À mon avis, cela est fait, entre autres, pour justifier l’existence de l’Atlantique-Nord » car il « a besoin d’un adversaire extérieur, d’un ennemi. Sinon, cette organisation n’est pas nécessaire »…
Le Forum économique a démontré que la Russie n’a jamais voulu s’isoler. C’est ce que les USA essayaient de faire croire au monde. Au contraire, la Russie est ouverte au monde et accueille chaleureusement tous ceux qui sont prêts à une coopération mutuellement avantageuse. Qui plus est, cet événement a également montré qu’il était impossible d’isoler la Russie de l’extérieur. Ni les sanctions, ni la propagande occidentale, ni la rhétorique agressive de plusieurs responsables occidentaux n’ont diminué l’intérêt des investisseurs étrangers envers le pays. Les représentants de plusieurs Etats arrivés à Saint-Pétersbourg au Forum économique international ont eu l’occasion de s’en assurer.
Les opinions exprimées dans ce contenu n’engagent que la responsabilité de l’auteur.
avec sputniknews