Une pétition en ligne “Mettre une robe n’est pas un crime” avait recueilli ce jeudi midi presque 8.000 signatures.
Deux jeunes femmes interpellées sur un marché alors qu’elles se promenaient en robe seront jugées à partir du 6 juillet à Agadir (sud) pour “outrage à la pudeur”, suscitant une vague d’indignation au Maroc, ont rapporté ce jeudi une ONG et des médias locaux.
Ces deux femmes, coiffeuses de profession, se rendaient sur leur lieu de travail lorsqu’elles ont été appréhendées le 16 juin à Inezgane, a la présidente de la Fédération de la ligue des droits de femmes (LDDF), Fouzia Assouli.
D’après des médias locaux, la police est intervenue après qu’elles eurent été encerclées par des marchands ambulants qui protestaient contre leur tenue “jugée contraire aux bonnes moeurs”. “Malmenées”, elles n’ont “dû leur salut qu’aux forces de l’ordre”, rapporte le site Medias 24.
Les deux jeunes femmes “étaient habillées de manière tout à fait respectable” a affirmé à Medias 24 une membre locale de l’AMDH, Bouchra Chetouani. Une fois en sécurité dans le fourgon, elles ont toutefois été conduites au commissariat, où un procès-verbal a été dressé pour “atteinte aux moeurs”, poursuit Medias 24.
Les prévenues, âgées de 23 et 29 ans selon un militant, seront jugées le 6 juillet pour “outrage à la pudeur”, a confirmé Fouzia Assouli. “Agadir est une région touristique. Mais cette affaire intervient dans un contexte marqué par des discours de moralisation qui radicalisent les gens”, a-t-elle estimé, alors que le Maroc a été secoué ces dernières semaines par plusieurs controverses sur les moeurs.
“C’est un cas sans précédent dans notre région”, a renchéri un responsable local de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), Aziz Sellami. Les ministères de l’Intérieur et de la Communication n’ont pas réagi pour l’instant. Une pétition en ligne “Mettre une robe n’est pas un crime” avait recueilli ce jeudi midi presque 8.000 signatures. Des sit-in sont également prévus durant le week-end à Agadir et Casablanca. Le site de l’hebdomadaire Tel Quel rappelle de son côté les acquis de la Constitution de 2011, adoptée dans le contexte des Printemps arabes, en matière de droits des femmes. Mais l’article 483 du code pénal prévoit toujours des peines de un mois à deux ans de prison pour “outrage à la pudeur”.