A première vue, ce qui frappe en le voyant, c’est son jogging gris. Avec son style pour le moins atypique, Gabor Kiraly, gardien de la sélection hongroise, ne dispute jamais une rencontre sans son bas de survêtement fétiche, et ce depuis 1996. «Il y avait deux tenues disponibles au Haladás (son ancien club) : une noire, une grise. La noire étant au sale, je choisis l’autre et on sauve de justesse notre fauteuil en première division lors de la saison 1995-1996 en restant invaincus huit ou neuf journées de suite», avait-t-il détaillé au Journal francophone de Budapest en 2015.

Une question de machine à laver mélangée à de la superstition, voilà le grand secret de celui que plusieurs médias dans le monde surnomme «pyjama man». Et si certains peuvent croire que porter ce type de vêtement, digne d’un gardien de 4e division départementale, n’est pas très pratique, le Hongrois prouve le contraire. «C’est essentiellement une question de confort. (…) Enfiler un jogging m’a paru évident. Je prends toujours une taille au-dessus histoire de faciliter les mouvements. J’ai essayé le short au Haladás ou lors de mes aventures allemandes ou britanniques, mais ça ne me convenait pas.»

Mais Gabor Kiraly, fils d’un ancien milieu de terrain, n’est pas qu’un portier à la petite bedaine, au crâne dégarni et au jogging gris. Le joueur le plus âgé de l’Euro 2016 (40 ans, soit 22 de plus que Marcus Rashford, joueur le plus jeune de la compétition), qui va donc effacer le record de vieillesse détenu par l’Allemand Lothar Matthäus, est aussi un gardien respecté et reconnu. Formé en Hongrie au Szombathelyi Haladas, il a brillé en Allemagne (Hertha Berlin) avant de tenter l’expérience en Angleterre (Crystal Palace entre autres). Il est depuis revenu dans son club formateur l’été dernier.

Légende hongroise

Taulier de la sélection hongroise, qui se retrouve dans la poule F de l’Euro 2016 en compagnie de l’Autriche, du Portugal et de l’Islande, Gabor Kiraly est une véritable légende. Sélectionné sous le maillot rouge et blanc à seulement 21 ans en 1998, il affiche aujourd’hui plus d’une centaine de sélections et est ainsi le joueur le plus capé de son pays.

Adroit sur sa ligne de buts malgré son physique, il a grandement aidé son pays à se qualifier pour une compétition auquel il n’a plus participé depuis 44 ans. Ce géant (1,91 m) jovial, sacré «joueur hongrois des qualifications» par l’UEFA, a d’ores et déjà égalé le record national de sélections de Jozsef Bozsik, milieu de terrain du mythique «Onze d’or» des années 1950. Preuve qu’il fait partie de l’histoire du pays.

Et celui qui a disputé un peu plus de 800 matchs professionnels dans sa carrière, n’est pas pressé de raccrocher les crampons et le jogging. «Je m’arrêterai quand mon corps le dira, mais pas maintenant.»