Le vaste chantier de rénovation du réseau ferré allemand dégrade la ponctualité des trains qui y circulent. En 2015, moins de 75% des trains longue distance de la Deutsche Bahn ont respecté l’horaire prévu. Ses retards affectent aussi ses concurrents qui réclament des compensations
Les trains qui circulent en Allemagne n’ont pas la ponctualité comme règle d’or. Sur l’année 2015, moins de 75% des trains longue distance de la Deustche Bahn, selon son tableau de bord annuel, ont atteint leur objectif de ponctualité. Certes, des grèves dures ont affecté le réseau ferroviaire l’an passé, pesant même sur les comptes de l’entreprise allemande, qui a perdu 1,3 milliard d’euros sur l’année.
Sur le seul mois de janvier 2016, grâce à un début d’hiver doux et au peu de grèves, ce taux est légèrement remonté à 77%, relève le quotidien économique allemand Handelsblatt. Mais, ce journal a calculé qu’au cours des 12 derniers mois, “les trains de voyageurs et de marchandises allemands ont perdu un total de 174,63 millions de minutes”.
Mais le véritable principal responsable de ces retards à répétition est l’immense chantier de rénovation des 33.000 kilomètres du réseau ferré. En charge de l’entretien des voies, des gares et du système de signalisation, Deutsche Bahn s’est lancée dans un très ambitieux plan de modernisation de son infrastructure ferroviaire d’ici 2030. Son coût total atteindra la somme astronomique de 55 milliards d’euros à l’achèvement des travaux. Rien qu’en 2016, ce sont 150 ponts, 2.000 aiguillages et 3.200 kilomètres de quais, qui seront rénovés.
Outre l’ampleur de ce chantier, la compagnie allemande éprouverait les pires difficultés à coordonner ces travaux avec certains événements extérieurs. Résultat: durant la dernière foire et très renommée industrielle de Hanovre, les trains à grande vitesse ne pouvaient circuler pour acheminer les visiteurs vers le site d’exposition.
Transdev réclame des dédommagements à la Deutsche Bahn
En attendant, ces chantiers pèsent sur la ponctualité de tous les trains circulant sur le réseau ferré allemand, y compris ceux de ses concurrents. En effet, depuis la réforme ferroviaire allemande de 1994, le transport régional est mis en concurrence. Particulièrement remontés, ces opérateurs ferroviaires alternatifs commencent à réclamer des dédommagements à la Deutsche Bahn. En première ligne se trouve le Français Transdev dont les liaisons régionales subissent des retards récurrents dont il ne s’estime pas responsable. Seule la moitié de ses trains assurant la liaison entre Munich et Salzbourg en Autriche, seraient à l’heure, selon Handelsblatt.
Si Transdev réussissait, in fine, à obtenir des dommages-intérêts, la Deutsche Bahn pourrait faire face à d’autres cas similaires de concurrents mécontents. Mais, la compagnie allemande se trouve coincée. Elle est par ailleurs tenue, par contrat avec l’État fédéral, d’atteindre ses objectifs de rénovation de son infrastructure. Liée par ses engagements, elle ne donc pas ralentir la cadence des travaux engagés, sauf à subir elle-même des pénalités de retard. La tension est telle que l’actuel PDG, Rüdiger Grube, pourrait voir son contrat ne pas être renouvelé à son échéance, fin 2017, selon le média allemand.
avec bfmtv