La Société nationale de raffinage pourra ainsi raffiner dans son usine, la totalité ou presque de la production nationale de pétrole. Ce qui n’était pas encore le cas
Dès octobre ou novembre, la Société nationale de raffinage (Sonara), qui gère l’unique raffinerie du Cameroun, portera sa capacité de raffinage du pétrole brut à 3,5 millions de tonnes par an, offrant la possibilité de raffiner dans son usine la totalité ou presque de la production nationale d’or noir, ce qui n’est pas encore le cas, annoncent des sources officielles de l’entreprise.C’est le résultat de l’exécution d’un projet d’extension et de modernisation de ses équipements entrepris par l’entreprise à capitaux publics basée à Limbe (Sud-ouest) au cours des dernières années en vue d’accroître sa productivité et sa compétitivité, pour un coût des travaux estimé à 300 milliards de FCFA (environ 600 millions de dollars).
“La Sonara raffine moins de 10% du brut camerounais”, mentionne cependant Blasius Ngome, directeur des relations publiques, de la communication et de la traduction de l’entreprise.
Ce brut a la particularité d’être “lourd”. D’après les statistiques officielles, la SNH a commercialisé 21,288 millions de barils en 2015, pour un chiffre d’affaires de 625,603 milliards de francs CFA (environ 1,251 milliard de dollars).
Pour la première fois depuis 2002, cette production nationale, qui fait du Cameroun un producteur modeste de pétrole comparativement à la Guinée équatoriale, au Congo-Brazzaville, au Gabon et du Tchad, ses voisins de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), a franchi la barre symbolique des 102.586 barils par jour en avril 2015, une hausse d’environ 26% sur un an.
Pour un investissement chiffré à 34 milliards de FCFA (environ 68 millions de dollars), la Sonara a déjà mené une première opération d’augmentation de sa capacité de stockage et de traitement de pétrole brut, qui a permis de passer de 1,6 million de tonnes à 2,1 millions de tonnes l’an. Excepté le distillat, exporté dans un état peu valorisé, l’entreprise commercialise les produits issus de sa raffinerie butane, super, Jet A1, pétrole lampant, gazole, fuel oil) en priorité sur le marché de consommation local, puis au sein de la Cemac, dans la côte ouest-africaine et aux Etats-Unis.
Le projet d’extension et de modernisation, en retard de quatre ans par rapport au délai de livraison initial prévu en juin 2012, vise à rendre la raffinerie camerounaise “plus compétitive et plus concurrentielle”, explique M. Ngome.
Ce programme phare soutenu par les pouvoirs publics devrait permettre d’aller à 3,5 millions de tonnes de capacité de raffinage annuelle et de porter le niveau de raffinage du brut local de “70 à 100% dès octobre ou novembre”, a-t-il précisé lors d’un salon du pétrole et du gaz tenu les 1er et 2 juin à Yaoundé.
Une des rares entreprises nationales avec la Société camerounaise des dépôts pétroliers (SCDP) à participer à cette initiative privée intéressante boycottée par les autorités, la Sonara cherche à se positionner comme un acteur clé du marché du pétrole africain, bien que le pays lui-même en soit un producteur modeste.
Sa nouvelle capacité de raffinage devra lui permettre de répondre avec plus d’aisance aux besoins de consommation nationaux et d’élargir son réseau de clients étrangers, où les Etats-Unis sont cités comme un partenaire sûr.
Au Cameroun, le pétrole représente près de 40% des recettes du budget public, mais la chute des prix a un impact limité sur l’économie nationale, la plus diversifiée de la zone Cemac.
En 2014, le volume des exportations de la Sonara représentait 26,87% de la production totale, soit un chiffre d’affaires de 217,545 milliards de francs CFA (435,090 millions de dollars), contre 591,881 milliards (1,183 milliard de dollars) pour la commercialisation locale, révèlent les chiffres officiels de l’entreprise.
Depuis de longue date, l’entreprise réfléchit à une possibilité de production locale de bitume, mais aucune avancée n’a jamais été enregistrée dans la concrétisation du projet jugé pourtant utile pour le pays engagé dans un vaste programme de construction d’infrastructures routières faisant recours à des importations massives des biens d’équipement.
avec actucameroun