D’après le Programme de Développement de la Filière Porcine du Cameroun (PDFP), le chiffre d’affaires généré par la vente du porc au Cameroun chaque année est d’environ 55 milliards de Fcfa. Le PDFP révèle que plus de 250 porcs sont abattus tous les jours à Yaoundé rien que pour les braiseurs (ceux qui vendent de la viande cuite appelée viande braisée). Sans compter les autres grandes villes comme Douala, Bafoussam, Bamenda. Dans les ménages et dans la restauration collective, la viande de porc occupe de plus en plus une place de choix. Leur croissance rapide permet de constituer ou reconstituer rapidement un troupeau. De taille plus petite que les bovins, les porcs sont plus faciles à vendre, d’autant plus que leur chair se prête aisément à toutes sortes de préparations et à la transformation en produits à bonne valeur ajoutée (jambon, saucisson, museau, porc fumé, etc.).
La demande ne cesse de croître chaque jour, appelant inévitablement un nécessaire accroissement des productions. Cet accroissement des productions n’est possible que par une intensification de l’élevage des porcs. Les débouchés sont multiples et permanents : les braiseurs, les charcutiers, les ménages, les particuliers pour des mariages et les funérailles, les transformateurs, les revendeurs, les supermarchés, etc. Même les 70 000 porcs provenant annuellement du Grand Nord n’arrivent plus combler le déficit. Cette pénurie en viande de porc a fait grimper les prix: le prix du kilogramme est passé de 1600 F cfa à 2200 F cfa en l’espace d’un an. Pendant que le prix d’une bête de 100 kg avoisine aujourd’hui les 150.000 Fcfa dans les grandes métropoles. Même un petit éleveur qui élève 3 à 4 porcs peut gagner gros en fin d’année en abattant ses porcs et en vendant la chair au kilogramme. D’après des estimations du PDFP (voir tableau en page 6), les perspectives en demande de viande de porc et porcelets pour les 5 prochaines années, sont très encourageantes. Irénée Modeste Bidima
« On peut vendre un porc de 6 mois à 120 000 F cfa »
Noah Sébastien, porciculteur à Ngoumou près de Yaoundé
“Cela fait 10 ans que j’élève des porcs. Avant je faisais essentiellement du maraîchage, et la porciculture à très faible échelle. Mais quand je me suis rendu compte du gain que j’avais avec mes quelques porcs et en très peu de temps, j’ai décidé de faire l’inverse, c’est-à-dire d’élargir mon cheptel. En effet, quand il est bien gras, on peut vendre un porc de 6 mois, c’est-à-dire d’environ 90 kg, jusqu’à 120 000 F cfa. Dans la région du Centre, la viande de porc est plus prisée que la viande de bœuf. On m’en achète pour les mariages, les dots et les premières communions. Je vends mes porcs sur le marché local, sur place à Ngoumou. Les gens me passent des commandes régulièrement. J’en abats aussi pour vendre, pendant les grandes fêtes. La veille ou quelques jours avant, j’envoie un messager qui annonce la nouvelle au marché et dans les principaux endroits d’affluence. En général je vends tout le porc abattu en deux heures, à 1800 F cfa le kilo. Je reçois aussi de braiseurs de porc de Yaoundé, qui viennent acheter en moyenne 2 ou 3 bêtes par semaine. » Manon Rescan
« La vente du porc braisé rapporte, même en période creuse »
Tagne Agathe, braiseuse de porc au marché Mvog Mbi
“Vendre le porc braisé n’est pas un métier commun pour les femmes. Mais si je m’y suis lancée, c’était à force de voir ma grande sœur se remplir les poches avec cette forme de commerce. Il y a 5 ans que je vis et subviens aux besoins des miens grâce à cette activité. C’est vrai que les revenus sont moindres par rapport aux années précédentes, peut-être à cause de la crise ou de la hausse subite des prix des porcs ou encore du fait de la multitude d’individus qui exercent ce métier. Mais j’avoue que même en période creuse, le porc braisé continue de rapporter. Les grandes ventes se font surtout à la fin du mois, lorsque les salaires tombent, pendant les week-ends, les périodes de matchs, ou les fêtes. Déjà nous vendons le morceau à 500 F cfa, 600 ou 800 selon la grosseur du morceau et aussi la partie. Et en deux jours je peux épuiser un porc de 50 kg.
Avec La voix du paysan