Burkina Faso, Burundi, Congo-Brazzaville, Rwanda, bientôt la RDC… Dans plusieurs pays du continent, des chefs d’État africains tentent de s’assurer une plus grande longévité au pouvoir en modifiant la Constitution de leur pays. Jusqu’à quelle année peuvent-ils désormais (théoriquement) se maintenir ? Réponse.
On le sait : c’est dans le sang que Pierre Nkurunziza a arraché le droit de briguer un troisième mandat. Au pouvoir depuis 2005, puis réélu en 2010, le président burundais a pu se représenter lors de la présidentielle du 21 juillet, en réprimant violemment une campagne de contestation populaire dans le pays et la non-reconnaissance de sa candidature par la communauté internationale. Pour lui et son entourage, le premier mandat qu’il a effectué (acquis à l’issue d’une élection au suffrage indirect) n’était pas concerné par les dispositions constitutionnelles interdisant plus de deux quinquennats. Nkurunziza, c’est donc (re)parti jusqu’à 2020 ! Théoriquement, en tout cas.
Ailleurs sur le continent, se maintenir au pouvoir passe, le plus souvent, par une réforme de la Constitution. Une démarche parfois périlleuse. Elle a notamment conduit Blaise Compaoré à sa chute, fin octobre 2014.
Remettre les compteurs à zéro
Une année plutôt pourtant, le doyen zimbabwéen Robert Mugabe (unique président que le pays a connu depuis son indépendance en 1980) avait pu faire adopter une nouvelle Constitution remettant tous les compteurs à zéro. Réélu pour la cinquième fois consécutive en juillet 2013, le leader de la Zanu-PF pourra de nouveau se représenter, pour un dernier quinquennat, en 2018. Espérant sans doute l’emporter pour rester au pouvoir jusqu’à 2023. Il aurait alors… 99 ans !
Au Congo-Brazzaville, le président Denis Sassou Nguesso n’a pas hésité début novembre à promulguer la nouvelle Constitution issue d’un référendum controversé. D’autant que le texte lui ouvre la voie pour un troisième, voire un quatrième mandat de suite. Alors que les anciennes dispositions de la Loi fondamentale l’empêchaient de se représenter grâce à deux verrous : l’un restreignant l’âge des candidats à 70 ans (DSN en a déjà 72) ; l’autre limitant le nombre de mandats à deux consécutifs (revenu au pouvoir en 1997 grâce à un coup de force, il a été élu en 2002, puis réélu en 2009).
Aux termes de la nouvelle Constitution congolaise, le mandat présidentiel passe également de sept à cinq ans, renouvelable deux fois. Autrement dit, s’il est réélu en 2016, en 2021 et en 2026, « Sassou » ne quittera le pouvoir qu’en … 2031. Soit trois ans avant la fin d’un deuxième et dernier quinquennat possible du président rwandais, Paul Kagamé. Car à Kigali aussi, une réforme constitutionnelle, adoptée le 17 novembre par le Parlement, autorise « le président en exercice » à briguer un nouveau septennat en 2017, et à être réélu ensuite pour deux quinquennats.
Des présidences à vie
Des acrobaties constitutionnelles que nombre de pays sur le continent ont choisi d’accomplir, en élaguant la limitation des mandats présidentiels dans leurs lois fondamentales. C’est le cas notamment de l’Algérie, de l’Angola, du Cameroun, de Djibouti, de la Gambie (mais le candidat président ne doit pas être âgé de plus de 65 ans), de la Guinée équatoriale, de l’Ouganda, du Tchad, du Togo. Des présidents de ces États espèrent ainsi conserver ad vitam æternam le pouvoir.
Une voie que pourraient emprunter, les prochains mois ou années, bien d’autres États dont les chefs ne semblent pas prêts à accepter une quelconque alternance politique. En attendant, voici une vue d’ensemble de la fin théorique des mandats de nos chefs d’État.
avec jeuneAfrique