L’ONG suisse Public Eye a annoncé, cette semaine, qu’elle suspecte le négociant suisse de produits pétroliers, Gunvor d’avoir obtenu, en 2014 une cargaison ivoirienne de pétrole brut de 650 000 barils, avant sa mise en vente officielle. C’est ce que rapporte le quotidien lausannois Le Temps, dans une publication du mercredi dernier.
L’Organisation brandit pour preuve, un courriel datant du 4 novembre 2013 dans lequel un cadre de Gunvor s’adresse à la société publique ivoirienne du pétrole, Petroci en ces termes : «Nous comprenons que le prochain cargo est […] alloué à la société Gunvor, ce dont nous vous remercions.». Or, à la demande du 4 novembre 2013, l’appel d’offres pour la vente de la cargaison était prévu dans les six semaines suivantes, pour un achèvement de la transaction en mars 2014.
Si Gunvor admet des dysfonctionnements dans cette affaire, elle pointe du doigt une «communication non professionnelle» de son cadre, qui est devenu un ex-collaborateur, mais défend mordicus que le processus n’a rien d’illicite.
Cet ancien collaborateur de Gunvor identifié comme Olivier B. serait, selon notre source, un vétéran de la Françafrique qui a été condamné en 2009 pour blanchiment d’or. Au moment des faits, il dirigerait un cabinet de consulting engagé pour faire la promotion de Gunvor auprès de la Petroci.
Chose étonnante, Gunvor a relevé qu’elle n’entretient plus aucune relation professionnelle avec Olivier B. depuis le 30 janvier 2013, environ 10 mois avant le mail adressé à la Petroci. En février dernier, l’intéressé a déclaré avoir encaissé 200 000 dollars de Gunvor, au terme de la transaction.
Une enquête a été ouverte au sein du Ministère public de la Confédération (MPC), l’organe d’investigation et accusateur public fédéral suisse. Le MPC est compétent pour la poursuite de certains types d’infractions comme des crimes et délits dirigés contre l’État fédéral ou la collectivité et, d’autre part, de procédures complexes concernant des affaires de criminalité etc.
Même si depuis cette affaire, Gunvor s’est retiré du marché du brut ivoirien, sa présence dans d’autres pays africains, producteurs de pétrole est souvent liée à des affaires de corruption. C’est le cas en République du Congo où l’année dernière, il a été révélé qu’un ex-intermédiaire et un ancien cadre du négociant genevois (filmés à leur insu) en train de détailler le versement de pots-de-vin à des dirigeants congolais.
Avec agenceecofin