Certes, ces deux-là ne sont pas près de passer des vacances ensemble. Mais le frère cadet du président et l’ancien chef du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), le général « Toufik », ont quelques points en commun. Comme ce haut gradé à la retraite, Saïd Bouteflika cultive le mystère et n’accorde jamais d’entretien à la presse. Comme lui aussi, il tire sa puissance du fait qu’il a préféré l’ombre à la lumière. Ancien universitaire, jadis syndicaliste tendance trotskiste, Saïd, 58 ans, est aujourd’hui le seul responsable à avoir un accès direct et permanent au président de la République.
Les ministres le craignent, les hommes d’affaires le courtisent et les journalistes évitent de s’intéresser de trop près à son parcours. Conseiller un peu trop influent ? Ses amis jurent que le chef de l’État le consulte, certes, mais que lui-même se mêle très peu des affaires de l’État et que cette réputation est surfaite. D’anciens responsables vous expliquent en revanche qu’il nomme les ministres, dégomme les généraux, défait les carrières des walis (préfets) et fait le bonheur de certains businessmen. Surnommé le vizir, le président bis ou le président par procuration, Saïd est soupçonné de vouloir succéder à son frère ou, du moins, de peser sur sa succession de telle sorte que les clés du pouvoir demeurent entre les mains du clan présidentiel, ce que, évidemment, l’intéressé nie.