Cette mise en scène grossière organisée par Washington, et courageusement dénoncée au festival de Cannes (photo d’illustration) ne fait plus aucun doute tant les preuves en sont accablantes. Toute cette mascarade pour laisser libre champ à un vice-président accusé de corruption, qui constitue un gouvernement comptant au bas mot un tiers de ministres corrompus, et bien sûr supposé « redresser » un pays traversant une grave crise économique et sociale avec une politique d’austérité.
Cet événement brésilien n’est de plus pas isolé puisqu’il prend place dans une attaque en règle qui concerne la plupart des pays d’Amérique Latine : destitution au Honduras (2009), au Paraguay (2011), élection de gouvernements de droite en Argentine et au Pérou (2016), et projet de destitution auVenezuela en cours.
Comme le dit si bien Paul Craig Roberts dans un article relayé par legrandsoir :
En résumé, nous assistons à une attaque de Washington contre les BRICS. Washington fait ce qu’il faut pour remettre au pouvoir un parti de droite contrôlé par les Etats-Unis, dans le but évident de torpiller les relations croissantes du Brésil avec la Chine et la Russie.
Brésil : un recul de 50 ans en 5 jours
Il a suffit de 5 jours pour confirmer ce que l’on savait déjà sur la nature anti-peuple et anti-nation du coup d’État mal dissimulé derrière la destitution frauduleuse de la Présidente Dilma.
Les politiques du gouvernement usurpateur présidé par le putschiste Michel Temer ont fait reculer leBrésilde 50 ans en 5 jours, revenant à cette époque de l’État oligarchique créé pour répondre aux intérêts d’une minorité parasite et patrimoniale au dépend de l’exclusion de la majorité de la population. Voyez vous-mêmes :
le gouvernement intérimaire de Michel Temer
- a supprimé le Ministère du Développement Agraire, responsable des politiques publiques spécifiques [crédit, assistance technique, innovation, commercialisation, droits civils] à l’agriculture familiale et à la réforme agraire, qui produisent environ 70% des aliments consommés par la population brésilienne, outre d’autres produits agricoles d’exportation ;
- a supprimé le Ministère des Femmes, de l’Égalité Sociale et des Droits Humains, organe axé vers le développement de politiques affirmatives de l’identité historique et sociale de millions de brésiliennes et de brésiliens qui furent maintenus invisibles et bâillonnées pendant plusieurs siècles d’oppression et de domination capitaliste ;
- a supprimé le Ministère de la Culture, responsable de la conduite de politiques traduisant la diversité et la pluralité culturelle qui singularisent le Brésil dans le monde (Temer cherche désespérément une femme pour occuper le poste de Secrétaire à la Culture ; il a déjà essuyé quatre refus, accompagnés le plus souvent de tonitruants « Je ne participe pas à un gouvernement putschiste ! » NdT) ;
- a nommé aux postes les plus importants des hommes blancs, riches, tous représentants exclusifs de la bourgeoisie agraire, commerciale, industrielle, immobilière et financière et, en plus, impliqués dans la corruption – 16 des 24 ministres sont cités ou font l’objet d’une mise en examen dans l’Opération Lava Jato (procès jugeant la corruption dans les activités de la Petrobras, transformé en chasse aux sorcières contre le Parti des Travailleurs au pouvoir jusqu’au coup d’État, bien que des politiciens de tous les partis politiques y soient cités ou mis en examen NdT) ou dans d’autres crimes : c’est un gouvernement à 75% Lava Jato ;
- souhaite supprimer les pourcentages minimum d’application dans la santé et dans l’éducation, et pour ce faire, transférera plus de 200 milliards de reals par an de ces domaines essentiels pour les appliquer sur le marché financier international sous forme d’intérêts ou de prêts indécents ;
- a annoncé la fin du financement du SUS (Sistema Único de Saúde – Système Unique de Santé, équivalent de la Couverture Universelle [1]), qui deviendra un système restreint et non plus universel, laissant l’immense majorité de la population sans défense devant la privatisation qu’il promeut pour la santé ;
- prétend éliminer presque 4 millions de bénéficiaires de la « Bourse Famille » et réduire tous les projets et les importantes politiques sociales en cours ;
- a annoncé une réforme des droits du travail et des retraites qui séquestre les droits conquis historiquement par la classe des travailleurs ;
- annonce la libération des jeux de hasard – bingo, jogo do bicho (loterie des animaux), casinos – qui sont la cause de la destruction de personnes et de familles entières viciées par le jeu, et confortable base pour le blanchiment d’argent ; sans compter qu’ils n’augmenteront pas les recettes fiscales ;
- prétend revoir les démarcations des terres de la réforme agraire et des populations indigènes pour préserver la concentration et la spéculation foncières des grands propriétaires terriens ;
- promet de remettre le pré-sal et la Petrobras aux sociétés pétrolières étrangères et prétend démanteler toute la chaîne nationale de gaz et de pétrole ;
- s’engage à réaliser un processus sauvage de privatisations, comme l’a déclaré le conspirateur Michel Temer qui souhaite « privatiser tout ce qui est privatisable » ;
- attaque les pays voisins et de la région qui condamnent le coup d’État, abandonnera les Brics et fermera des ambassades stratégiques pour faire régresser le pays à la logique colonisée de l’alignement subordonné aux puissances stratégiques, et spécialement aux États-Unis ;
- menace d’adopter la méthode du PSDB (du temps du PSDB au pouvoir avec le Président Fernando Henrique Cardoso, dont le Procureur de la République est resté fameux par sa capacité à enterrer les enquêtes gênantes NdT) de nommer à la tête du Ministère Public Fédéral des procureurs serviles qui mettront dans les tiroirs les procès et cacheront les tripatouillages et les vols qu’ils pratiqueront au gouvernement ;
- promeut l’esprit partisan et la mise en coupe serrée de l’État : ils utilisent jusqu’au garçon qui sert le café au Palais du Planalto (de la Présidence. Le garçon qui y travaillait depuis 8 ans a été licencié sous l’accusation de « pétisme » NdT) pour nommer les protégés du gouvernement usurpateur – c’est la restauration des capitaineries héréditaires.
L’inventaire des mesures régressives adoptées par le gouvernement usurpateur est long et va plus loin que les exemples cités plus haut. Les putschistes ont montré une grande urgence à exécuter leur plan. La cérémonie d’auto-assomption du pouvoir de la bande qui a pris d’assaut le Palais du Planalto le 12 mai dernier (le vote du Sénat NdT) ne laisse aucun doute là-dessus.
Les conspirateurs se prélassaient au cours de cette fête déplorable qui a abâtardi la république, sans la présence d’aucune femme ni d’aucun noir (il a été constaté, lors du dernier recensement de 2010, que les blancs sont minoritaires au Brésil NdT).
Après le 17 avril, le jour de « l’assemblée générale des bandits commandés par le bandit Eduardo Cunha » (17 avril, vote des Députés en faveur du procès de destitution. Eduardo Cunha, entre-temps, a été écarté, pour corruption et une liste impressionnante de chefs d’accusation, de son poste de Président de la Chambre NdT), le 12 mai fut le second acte emblématique de l’histoire ignoble du coup d’État : il y avait là les hommes blancs, riches, canailles putschistes et corrompus s’auto-nommant pour piller le Brésil, après avoir promu la farce grotesque de renverser une Présidente innocente par une destitution sans crime de responsabilité.
Pour réussir à imposer son projet anti-peuple et anti-nation, le gouvernement usurpateur devra passer par-dessus la résistance croissante dans la société brésilienne et mondiale. Ce ne sera pas facile, parce que le conspirateur Michel Temer manque de légitimité populaire pour gouverner le Brésil.
Avec Le pouvoir mondial.