Le gouvernement intérimaire brésilien était fortement ébranlé lundi, un ministre clé étant accusé d’avoir travaillé à la destitution de la présidente Dilma Rousseff dans l’objectif de stopper l’enquête sur le scandale de corruption Petrobras.
Le quotidien Folha de Sao Paulo a déclenché une tempête politique en publiant l’enregistrement d’une conversation très compromettante pour l’actuel ministre de la Planification Romero Juca, un proche du président par intérim Michel Temer.
Dans cette conversation datant du mois de mars, M. Juca suggère la nécessité d’un pacte pour écarter Dilma Rousseff du pouvoir et par la même occasion mettre fin à l’enquête sur le scandale de corruption Petrobras dans lequel il est lui-même visé.
« L’impeachment est nécessaire. Il n’y a pas d’autre issue. Il faut résoudre toute cette merde. Il faut changer le gouvernement pour arrêter l?hémorragie », y déclare M. Juca à l’ancien sénateur Sergio Machado, ex-président de la compagnie pétrolière Transpetro, lui-même soupçonné de corruption dans le dossier Petrobras.
Romero Juca a assumé récemment la présidence du grand parti centriste PMDB de Michel Temer, qui avait précipité la chute de Mme Rousseff en claquant la porte de sa coalition chancelante.
Le PMDB est éclaboussé au plus haut niveau par le scandale Petrobras, au même titre que le Parti des travailleurs (PT, gauche) de Dilma Rousseff avec lequel il a dirigé le pays depuis 2003.
Mme Rousseff a été écartée de la présidence le 12 mai pour un maximum de six mois par le Sénat, dans le cadre d’une procédure de destitution controversée pour maquillage des comptes publics, en attendant le jugement final des sénateurs.
Devenu dans la foulée l’un des ministres clé du gouvernement Temer, Romero Juca a reconnu lundi l’authenticité de sa conversation avec M. Machado, qui semble avoir été enregistrée secrètement par ce dernier.
Mais, le ministre, désormais sur la sellette a estimé que la Folha de Sao Paulo avait tronqué le sens de ses propos en ne publiant que des extraits « hors de contexte », lors d’une conférence de presse.
M. Juca a ajouté qu’il n’avait pas l’intention de démissionner tant qu’il aurait la confiance de Michel Temer, affirmant qu’il soutenait l’enquête sur le scandale Petrobras et qu’il n’avait jamais et ne commettrait jamais aucune action pour tenter de l’entraver.
Il a en particulier soutenu qu’en évoquant la nécessité de stopper « l’hémorragie », il ne se référait pas à l’enquête Petrobras, mais à la situation économique du Brésil, à aucun moment évoquée dans ses propos publiés par Folha.
Avec Le pouvor mondial