Avec une marge nette de 19 % sur l’exercice 2015-2016, la compagnie low cost européenne est devenue la plus rentable des grandes compagnies aériennes.
Championne incontestée des profits dans le ciel européen, Ryanair est probablement devenue la compagnie aérienne la plus rentable au monde en 2015. Avec un bénéfice net de 1,242 milliard d’euros, en hausse de 43 %, pour un chiffre d’affaires de 6,536 milliards (+16 %), Ryanair a généré une marge nette de 19 % sur l’exercice 2015-2016 clos le 31 mars, bien supérieure à celles de ces concurrents européens, mais aussi des autres champions mondiaux des profits comme Delta (11 %), United (11 %) et Emirates (8,3 %). La première compagnie low cost européenne a même fait mieux que son modèle américain, Southwest et ses 17 % de marge nette.
L’impact des attentats
Ce n’était pas gagné. Ryanair a bénéficié, comme toutes les compagnies, de la baisse du prix du pétrole. Elle a aussi empoché 317,5 millions d’euros de la vente de sa participation dans Aer Lingus à IAG. Mais a contrario, elle a souffert de l’impact des attentats de Paris et de Bruxelles, ainsi que des grèves, principalement françaises, des contrôleurs aériens. Sur les trois premiers mois de l’année, Ryanair a ainsi du annuler 500 vols. Et ses frais marketing, qui incluent les coûts d’indemnisation et de prise en charge des passagers retardés, ont bondi de 60 millions d’euros sur un an (+25 %).
24 % de recettes annexes
Le principal ingrédient de ces résultats record reste donc la croissance du trafic de Ryanair, en hausse de 18 % sur un an, continuellement stimulée par des promotions tarifaires et amplifiée depuis deux ans par la nouvelle stratégie d’amélioration du service . Ryanair est ainsi passée de 90,6 millions à 106,4 millions de passagers en un an. En revanche, le prix moyen du billet a baissé de 1 %, à 46,67 euros. Mais Ryanair est parvenue à compenser cette baisse des tarifs par un taux de remplissage record de 93 % et une baisse équivalente de ses coûts par passagers, hors pétrole. Par ailleurs, si le prix du billet stagne, les recettes unitaires en tout genre ont continué d’augmenter : elles représentent aujourd’hui 24 % du chiffres d’affaires (contre 5 % à 7 % chez les compagnies traditionnelles).
Poursuite de la croissance en 2016-2017
Les mêmes ingrédients devraient continuer à agir sur l’exercice 2016-2017. Selon son patron, Michael O’Leary , le bénéfice net devrait encore progresser de 13 %, pour atteindre 1,375 à 1,424 milliard d’euros. Et ce, malgré une croissance du trafic moins forte – mais de l’ordre de 9 % tout de même – à 116 millions de passagers, et une possible amplification de la baisse des prix, qui pourrait atteindre 7 % sur l’exercice. « Certains pourraient être tentés de venir nous concurrencer en baissant leurs prix, explique-t-il. Mais s’il y a une guerre des prix en Europe, nous serons les gagnants », affirme le patron de Ryanair, qui n’a pas l’intention de se laisser rattraper ni sur les prix, ni sur les coûts. Selon Ryanair, le prix moyen d’un vol sur la compagnie hongroise Wizz, la plus proche en terme de coût de Ryanair, serait 33 % plus élevé. L’écart serait de 98 % avec Easyjet, dont 40 % du réseau serait aujourd’hui concurrencé par Ryanair. « Nous sommes à des miles de nos concurrents en terme de coûts et l’écart ne cesse de s’accroître », affirme-t-il.
Premier 737 Max en septembre 2019
Pour cela, Ryanair compte sur les nouveaux accords signés avec les représentants des personnels navigants, qui lui confère 5 ans de visibilité sur ses coûts de personnels, et à plus long terme, sur les futurs Boeing 737 Max, dont le premier exemplaire lui sera livré en septembre 2019. « Le 737 Max offrira un gain de consommation de 16 % et huit sièges supplémentaires par appareils », souligne-t-il.
La crainte du Brexit
La seule inquiétude du patron de Ryanair pour cette année semble être la perspective d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. « Une sortie de l’Union européenne et du marché commun aurait des conséquences dévastatrices pour l’économie et la confiances du consommateur pour les deux à trois prochaines années », estime Michael O’Leary, dont les avions arborent désormais un slogan en faveur du maintien dans l’Europe.
avec lesechos