Un des principaux attraits de Moscou est que l’on peut y suivre les pas d’écrivains connus dans le monde entier tels que Tolstoï, Tchekhov, Pouchkine ou Pasternak. En effet, le centre de la ville regorge de musées et de monuments littéraires, mais il est également possible de découvrir les cadres qui ont inspiré ces artistes à la campagne ou dans la banlieue de la capitale, et ce en visitant des manoirs en bord de lac ou des datchas dans la forêt. Certains sites sont déjà bien connus des amateurs de lecture, mais d’autres parcours littéraires renferment des trésors cachés, que ne connaissent même pas les personnes vivant à Moscou depuis longtemps.
Pique-niques avec des poètes
Serednikovo
Crédit : Phoebe Taplin
Lorsqu’il était adolescent dans les années 1830, le poète Mikhaïl Lermontov, connu pour ses histoires byroniennes sur le Caucase, passait ses étés dans cette demeure du 19ème siècle située juste au Nord de Moscou et qui avait appartenu à sa grand-mère. Le manoir néo-classique est relié par des rangées de colonnes à quatre ailes, dont chacune comprend son propre belvédère avec vue sur le parc. Après la révolution, les bâtiments ont abrité une clinique pour les tuberculeux nommée Mtsyri, du nom d’un des poèmes de Lermontov. En 1992, le Centre Lermontov a signé un contrat de location du domaine portant sur 50 ans et restauré l’intérieur.
Les terrains boisés valent à eux seuls le détour avec un lac, un salon de thé, une école d’équitation, une source naturelle, des ponts en pierre, ainsi que des allées bordées de tilleuls et de mélèzes. Pour s’y rendre, les visiteurs peuvent prendre le train à la Gare de Leningrad pour aller à Firsanovka, et ensuite monter dans le bus.
Zakharovo
Crédit :Lori/Legion Media
Enfant, le poète Alexandre Pouchkine passait ses étés avec sa grand-mère dans la campagne près de Moscou. Maria Hannibal descendait de l’arrière-grand-père de Pouchkine, ancien esclave africain, et sa maison a été restaurée afin d’en faire un musée, qui accueille également le festival « Pouchkine » chaque premier dimanche de juin. Une statue de Pouchkine avec sa grand-mère a été placée à l’endroit préféré du poète où, étant enfant, il disait vouloir être enterré, alors qu’une seconde représentation en bronze de lui petit garçon est tournée vers le lac. Le site se trouve à environ une heure de train de la Gare de Biélorussie à Moscou.
Chakhmatovo
Crédit :Lori/Legion Media
La visite de la maison en bois entourée de prés fleuris dans laquelle le poète Alexandre Blok a vécu constitue une autre idée de voyage intéressant. Le grand-père de l’auteur la considérait comme « un coin de paradis à deux pas de Moscou ». Le village de Tarakonovo tout proche possède un monument dédié au poète et à sa femme, à côté de l’église délabrée dans laquelle ils se sont mariés, ainsi qu’un petit musée. Le domaine, situé à environ un kilomètre et demi le long d’une route de campagne, comprend la reconstruction fidèle de la charmante maison de Blok au milieu de jardins boisés menant vers un étang.
Thé avec Tolstoï, Tchekhov ou Pasternak
Iasnaïa Poliana
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La maison de campagne de Léon Tolstoï, située près de la ville de Toula, à environ trois heures au Sud de Moscou, est probablement le voyage littéraire le plus connu et incontournable. L’auteur de Guerre et paix est né et a été inhumé (sous un monticule d’herbe) à Iasnaïa Poliana, et y a vécu la plupart de sa vie. Le prince Serge Volkonski, grand-père maternel de Tolstoï, a acheté ce terrain en 1763 et y a construit un manoir en haut d’une colline. L’ambiance à l’intérieur de la maison de Tolstoï, qui abrite une véranda recouverte de vignes, rappelle fortement la vie de l’écrivain via des portraits, des livres et des habits, créant l’illusion que l’écrivain est simplement sorti de la maison-musée pour se promener et reviendra pour le thé. La dernière pièce de la visite est la bibliothèque du bas où Tolstoï a écrit Anna Karénine.
Melikhovo
Crédit :Lori/Legion Media
Le domaine de campagne d’Anton Tchekhov, au Sud de Moscou, accueille le festival de théâtre international « Printemps de Melikhovo » chaque année en mai, lorsque les lilas et cerisiers du jardin sont en fleurs. L’auteur a notamment écrit La Mouette, Oncle Vania et plusieurs autres nouvelles lorsqu’il vivait dans cette demeure en bois entre 1892 et 1899, avant que sa tuberculose ne s’aggrave et l’oblige à déménager à Yalta dans le Sud.
Les trains pour la ville de Tchekhov partent assez régulièrement de la gare de Koursk et mettent environ une heure et demie pour arriver sur place. Il faut ensuite prendre le bus 25 ou un taxi pour se rendre au petit village de Melikhovo. Le musée ne comprend pas de restaurant. Pensez donc à vous approvisionner en ville.
Peredelkino
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Le village où Boris Pasternak a écrit « Docteur Jivago » n’est qu’à une demi-heure à l’Ouest de la gare de Kiev.Le poème titre de son recueil de 1943 Les Trains du petit jour décrit le trajet en train électrique entre Peredelkino et Moscou, l’« odeur de citron et d’encens » des pins et les muguets, dont les délicates fleurs blanches sont encore présentes autour du village. L’intérieur de la datcha brune et blanche est extrêmement austère. Dans la chambre et le bureau au style dépouillé, on peut encore voir les bottes, la veste et le chapeau de l’écrivain. Le jardin d’hiver, qui abrite un samovar et des tasses, donne quant à lui sur un verger peu entretenu. La maison-musée de Korneï Tchoukovski, auteur d’histoires pour enfants le plus aimé de Russie, avec son « arbre magique » couvert de chaussures n’est pas loin et vaut également le détour.
Faubourgs et cimetières à voir
Troitse-Lykovo
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Alexandre Soljenitsyne, dont les livres sur la vie dans les goulags staliniens sont connus dans le monde entier, est enterré au pittoresque cimetière Donskoï. Ses admirateurs pourraient également être tentés de visiter le village où l’écrivain solitaire, décédé en 2008, a choisi de passer ses dernières années. Les vergers, datchas et églises aux coupoles dorées de Troitse-Lykovo sont comme un îlot de l’ancienne Russie au milieu des gratte-ciel et de la modernité de Moscou. Le village se trouve au sommet d’une falaise au bord de la Moskova et près du parc Serebriany Bor (« Forêt de pins dorée »). Strogino est la station de métro la plus proche.
Cimetière de Novodevitchi
Crédit :Lori/Legion Media
Mais surtout, à la fin de la même route, se trouve le couvent de Novodievitchi et son célèbre cimetière. Un passage voûté donne accès à la section la plus ancienne dans laquelle se trouvent le buste de Gogol ou la sépulture de Boulgakov. Tout près, les visiteurs peuvent aussi admirer les tombes d’acteurs et de réalisateurs du Théâtre d’art de Moscou marquées du logo d’une mouette, non loin de l’élégant monument de type art nouveau dédié à Tchekhov et magnifié par les feuilles mortes d’automne ou la neige tombante.