Agrandissement de l’institut de Nouaceur, création de nouvelles filières… Les initiatives se multiplient pour répondre aux besoins d’un secteur en pleine expansion. Hamid Benbrahim El Andaloussi, délégué général de Safran Maroc et président de l’Institut des métiers de l’aéronautique de Casablanca, a répondu aux questions de “Jeune Afrique”.
De l’américain Boeing au canadien Bombardier en passant par les français Safran, Thales et Latécoère, des poids lourds de l’aéronautique se sont implantés au Maroc ces dernières années, faisant du royaume une base industrielle importante aux portes de l’Europe pour la maintenance, la réparation et l’entretien des avions.
Porté par des perspectives optimistes, le secteur espère tripler de taille d’ici à 2020. Avec quelles conséquences et quels enjeux en matière de recrutement ? Réponses de Hamid Benbrahim El Andaloussi, patron de Safran au Maroc et président de l’Institut des métiers de l’aéronautique (IMA), le centre de formation qui a ouvert en 2011 à Nouaceur.
Jeune Afrique : Le secteur aéronautique s’est considérablement développé au Maroc. Quel est son potentiel en matière d’emplois ?
Hamid Benbrahim El Andaloussi : Fin 2015, le secteur représentait un peu plus d’une centaine d’entreprises et 11 500 personnes hautement qualifiées, minimum bac + 2 : des jeunes de 30 ans en moyenne, dont 50 % de femmes. Rappelons qu’il y a douze ans ce secteur n’existait quasiment pas dans le pays… Les objectifs que se sont fixés l’État et les industriels en 2014 avec le plan national d’accélération industrielle sont clairs : tripler le nombre d’emplois à l’horizon 2020 pour parvenir à 35 000 postes et doubler le nombre de sociétés pour atteindre plus de 200.
Le développement des entreprises est-il freiné par le manque de certaines compétences ?
En effet, il nous faut renforcer la formation dans les domaines de l’ingénierie et de la simulation technique et physique. Nous manquons aussi de personnel pour assurer le management intermédiaire entre les ingénieurs et les techniciens. Ce besoin concernant autant l’aéronautique que l’automobile et le ferroviaire, nous allons créer une filière transversale pour ces différents métiers. Il y a aussi une très forte demande à l’international.
Le secteur de la maintenance des moteurs d’avions demeure largement insuffisant, d’autant que de plus en plus de techniciens formés sont attirés par l’étranger, en particulier par les pays du Golfe…
Cela pénalise-t-il le développement du secteur ?
Oui. C’est pourquoi nous travaillons à la création d’un second centre, spécialisé dans la maintenance, qui puisse former des spécialistes pour nos besoins et ceux de l’étranger.
Votre institut, l’IMA, est-il armé pour répondre à de tels besoins ?
Nous sommes en train de l’agrandir afin de pouvoir accueillir 1 200 étudiants par an, au lieu des 600 jeunes qui se qualifiaient jusqu’ici chaque année, auxquels s’ajoutent 200 professionnels en formation continue. De nouvelles filières vont être créées, en peinture, en soudure… Notre centre répond déjà aux besoins du secteur en électronique, en électricité, en maintenance et en montage de matériaux composites.
Nous formons des techniciens, des opérateurs qualifiés et des ingénieurs sélectionnés par nous et par les entreprises qui les embaucheront par la suite. Nous avons un taux d’insertion de 95 % dans des entreprises marocaines ou des firmes étrangères implantées localement. Les entreprises sont présentes au conseil d’administration, elles définissent leurs besoins et nous les traduisons. L’IMA fait partie intégrante du dispositif industriel du pays dans le secteur.
Avec Jeune Afrique.