La formation des militaires dont la vocation est de parer les attaques de missiles se déroule en deux étapes. La première comprend l’étude des projets d’un ennemi conventionnel visant à porter une frappe hypothétique et la préparation pour la contrer.
Les étudiants doivent présenter « d’abord à l’oral et à l’écrit leur plan d’action. L’objectif est d’utiliser au maximum les capacités du système et la puissance de feu de leurs missiles pour abattre un maximum de cibles en l’air », explique à RBTH Dmitri Safonov, ancien observateur militaire au journal russe Izvestia.
Durant les années de formation, on se focalise davantage et on consacre beaucoup de temps à cette étape, pour que les futurs officiers apprennent à prendre en considération toutes les capacités des systèmes. Chaque omission se heurte à la rage des enseignants.
Une fois que la théorie est acquise, ils passent à la modélisation de la situation sur ordinateur.
« Ici, on fixe déjà toutes les actions de l’équipe du système de missiles – on enregistre les informations qu’ils se passent les uns aux autres, les ordres données par les supérieurs et les actions de l’équipe. Parallèlement, la situation de +combat+ est compliquée par le brouillage et par la perturbation du fonctionnement des systèmes. Autrement dit, on imite dans les moindres détails un véritable combat pour que l’équipe soit préparée au maximum à toute sorte de situations », ajoute l’expert.
Polygone
C’est ici que se passe le plus intéressant. La seconde étape – l’entraînement sur le polygone, qui implique des tirs réels de combat. La seule chose qui les distingue d’une véritable attaque est le fait que les missiles que les élèves doivent abattre sont dépourvus d’ogive.
« Plusieurs chasseurs décollent depuis des polygones avoisinants et ils doivent +percer+ l’échelon de défense antimissile – certes, ce n’est que sur les ordinateurs que l’on s’entraîne à les abattre. Ensuite, les avions larguent des projectiles non guidés ainsi que des missiles sur la cible et quittent leur trajectoire de vol afin que les vrais missiles de S-300 ne les abattent pas »,explique l’expert.
Par ailleurs, des cibles, dont des drones, sont lancées depuis le sol. Les soldats en formation doivent alors les suivre et les éliminer eux aussi.
« Tout se déroule en trois étapes – localisation et capture de la cible par les radars, calcul de la trajectoire de vol de la cible, tir de missiles intercepteurs. Ensuite, les équipes surveillent la situation dans les airs, tandis que d’autres rechargent les systèmes », précise l’analyste.
Comment la défense antiaérienne du pays est-elle organisée?
La défense antiaérienne russe repose sur des systèmes antimissiles S-300 et S-400.
Ces appareils sont en mesure de détecter les cibles à une portée allant de 250 à 400km. Quant à leurs missiles, ils peuvent frapper une cible se trouvant à 150-250km. À noter que le missile de l’ennemi sera intercepté même s’il vole à une vitesse de 2,5km/s. Les radars des S-300 et S-400 sont capables de capter jusqu’à 36 cibles simultanément et chacune des batteries peut faire feu sur 12 d’entre elles à la fois.
Les données précises sur le nombre de systèmes et de militaires engagés dans la défense antimissile sont classées « top secret ». Toutefois, on sait que le nombre d’installations antimissiles et de radars peut atteindre plusieurs centaines.
« Les S-300 et S-400 sont soutenus par les Pantsir-S1 », explique Vadim Koziouline, professeur à l’Académie des sciences militaires, ajoutant que ce système de missiles sol-air à courte portée abat les missiles qui, pour une raison ou une autre, ont échappé aux premiers. Il frappe en effet des cibles se trouvant à 10-15km.
Et de conclure qu’en plus des systèmes de défense antimissile, le ciel de Russie est protégé par des chasseurs-intercepteurs Su-30MS, Su-35, MiG-29 et MiG-31. Ils sont basés sur des aérodromes situés près des lieux de déploiement des systèmes antimissiles.
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