Le vice-prince héritier lui a confié le portefeuille le plus sensible du royaume des Saoud : celui de l’Énergie. Khalid al-Falih sera-t-il bon stratège ?
Un vénérable serviteur des Saoud a de nouveau été congédié, le 7 mai. L’octogénaire Ali al-Naïmi, à la tête du ministère de l’Énergie depuis 1995, était l’un des derniers membres de la vieille garde à siéger au gouvernement. L’impétueux vice-héritier, Mohamed Ibn Salman, 30 ans, l’a évincé au profit de l’un de ses proches conseillers, Khalid al-Falih, 56 ans.
De possibles bouleversements
L’annonce a mis la sphère financière internationale en émoi, car le nouveau venu, responsable d’un portefeuille qui recèle un trésor de 268 milliards de barils de pétrole, a théoriquement le pouvoir de bouleverser l’équilibre économique – et politique – mondial d’une simple signature. Et la stratégie saoudienne en la matière fait couler beaucoup d’encre : les flots de pétrole de schiste américain et l’ouverture politico-économique de l’Iran, autre important producteur, ont amené les autorités à ouvrir grand les vannes alors que les cours s’effondraient. Si cette stratégie gêne l’ennemi iranien, la Russie (rivale en Syrie) et le concurrent américain, elle coûte aussi beaucoup à Riyad, dont les indicateurs socio-économiques sont préoccupants.
Falih, qui, comme son prédécesseur, a fait toute sa carrière au sein d’Aramco, géant mondial des hydrocarbures, est par ailleurs chargé, dans le cadre de la restructuration économique du royaume, de céder au secteur privé une part de cette entreprise d’État pour alimenter un fonds de 2 000 milliards de dollars destiné à financer la politique de diversification industrielle présentée le 25 avril par Mohamed Ibn Salman.
Mais les faibles cours du pétrole réduisent l’attrait de la major, ce qui pourrait conduire Riyad à fermer le robinet pour faire grimper les cours avant d’entreprendre cette opération aussi décisive qu’urgente pour un royaume condamné à réduire sa dépendance aux exportations d’or noir.
Avec Jeune Afrique.