Ces dernières années, plusieurs pays d’Afrique subsaharienne font preuve d’un sursaut concernant leurs infrastructures portuaires et enchaînent constructions et rénovations. Dans son nouveau rapport, PricewaterhouseCoopers (PwC) encourage cette orientation et appelle à plus d’investissement stratégiques dans les ports, afin de tirer parti de leur potentiel pour le développement du commerce et l’accélération de la croissance.
« L’analyse de PwC montre qu’une amélioration de 25% de la performance portuaire [en Afrique subsaharienne .ndlr] pourrait augmenter le PIB de 2% ». C’est l’un des points saillants du nouveau rapport de PricewaterhouseCoopers (PwC), publié ce jeudi 12 avril et intitulé : « Renforcer les passerelles pour le commerce de l’Afrique ».
Conçu pour répondre aux défis auxquels sont confrontés les ports d’Afrique subsaharienne pour attirer les investissements extérieurs et mettre en évidence les avantages économiques et de croissance régionaux, ce rapport fait l’écho d’un appel à « plus d’investissement stratégique » dans les ports d’Afrique subsaharienne, afin que la région « tire parti du potentiel économique de ses ports et de son secteur maritime pour réaliser ses ambitions de croissance ».
« L’Afrique Subsaharienne devrait continuer de se concentrer sur l’investissement dans les ports. Développer les infrastructures portuaires en amont de la demande, en mettant l’accent sur les ports les plus prometteurs (les ports « hubs » du futur) et en améliorant le fonctionnement global de ces ports afin qu’ils deviennent de plus en plus attractifs », a appuyé Dr. Andrew Shaw, Leader Transport et Logistique de PwC Afrique lors de la présentation du rapport à Johannesburg.
« L’investissement ne consiste pas toujours à construire de nouveaux ports »
Le document de 88 pages passe en revue l’activité et le fonctionnement des ports au Sud du Sahara et le tableau n’est pas tout à fait reluisant. Bien que de nombreux gouvernements se soient récemment mobilisés pour améliorer l’efficacité et donc la performance de leurs ports avec des visées pour le commerce transfrontalier notamment, plusieurs autres sont encore à la traîne, écorchant ainsi la compétitivité internationale de la région.
Mais alors que PwC appelle à plus d’investissement, le cabinet international clarifie : « l’investissement ne consiste pas toujours à construire de nouveaux ports ou terminaux ». Selon le rapport, l’investissement devrait être le résultat d’une prise de conscience de ce que les ports représentent pour le commerce et pour l’économie ainsi la mise en œuvre de stratégies ayant pour moteur l’efficacité et l’efficience.
Rappelant que les ports, à l’échelle mondiale, sont des portes d’entrée pour 80% du commerce de marchandises en volume et 70% en valeur, le rapport insiste sur la nécessité pour les gouvernements de changer d’approche. « L’Afrique doit changer sa compréhension du rôle que les ports peuvent jouer et intensifier les investissements pour atteindre ses objectifs de développement économique. En particulier, il devrait y avoir une plus grande prise de conscience des avantages économiques plus importants que des ports efficaces et efficients peuvent jouer », estiment les analystes.
L’exportation de produits manufacturés, l’urgence
Le rapport pointe également le déséquilibre entre les importations et les exportations du Continent. En effet, non seulement les exportations diminuent, mais elles continuent pour la plupart d’être traitées comme du fret en vrac, car ne concernant majoritairement que les matières premières. Cependant, les importants poursuivent leur hausse et sont essentiellement constituées de produits manufacturés, donc traitées en cargaisons conteneurisées. Résultat : de nombreux conteneurs arrivant dans les ports africains retournent vides. Finalement, une importante capacité des ports régionaux reste inexploitée, tout cela pour des coûts logistiques toujours plus élevés.
« Selon les estimations de PwC, 2,2 milliards de dollars par an pourraient être économisés en coûts de logistique si le débit moyen dans les principaux ports d’Afrique subsaharienne doublait », souligne l’analyse.
De l’avis de PwC, le passage de l’exportation de matières premières à « l’exportation de produits manufacturés, semi-finis ou agricoles » est le gage d’un rééquilibrage du commerce de l’Afrique subsaharienne avec le reste du monde qui permettrait à la région de pleinement tirer parti du potentiel de ses ports. Là encore, indiquent les analystes, l’intervention en amont des gouvernements est nécessaire, afin de bâtir un cadre légal clair dans lequel industriels et investisseurs pourraient interagir.
Avec la tribuneafrique