Après l’attentat de Grand-Bassam, le pays a renforcé ses mesures antiterroristes et, surtout, se rapproche de ses voisins.
Au lendemain de l’attentat du 13 mars contre la station balnéaire de Grand-Bassam, près d’Abid-jan, les autorités ont pris conscience de la vulnérabilité du dispositif sécuritaire mis en place quelques mois auparavant. Après que plusieurs attentats eurent été déjoués, la vigilance avait baissé d’un cran depuis le mois de février. Hamed Bakayoko, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, a humblement reconnu ces failles.
Renforcement et extension du dispositif de sécurité
Le pays, qui veut se prémunir contre de prochaines attaques, a rehaussé son niveau d’alerte au maximum. Le Conseil national de sécurité (CNS), présidé par Alassane Ouattara, s’est réuni à plusieurs reprises pour élaborer de nouvelles stratégies. Notamment le 19 avril, lorsque le chef de l’État a décidé d’allouer un budget d’urgence de 80 milliards de F CFA (122 millions d’euros) supplémentaires pour renforcer les dispositifs de sécurité et de prévention.
Les unités d’élite et d’intervention, telles que la Force de recherche et d’assaut de la police (Frap) – l’équivalent du Raid français – et le Centre de coordination des décisions opérationnelles (CCDO), se sont déployées dans la capitale économique.
Des mosquées réputées proches du mouvement wahhabite et des réseaux d’islamistes radicaux ont été discrètement mis sous surveillance. Mais Abidjan veut manœuvrer avec beaucoup de délicatesse pour ne pas stigmatiser les musulmans.
La capitale économique n’est pas la seule ville concernée par ce nouveau dispositif. Toutes les grandes agglomérations en bénéficient. Les contrôles sont très rigoureux dans les aéroports et aux postes frontaliers terrestres. La marine nationale multiplie les patrouilles sur le front lagunaire et au large des côtes. Et le déploiement des éléments du CCDO dans la ville de San Pedro, premier port mondial pour les exportations de fèves de cacao, va s’accélérer.
D’importantes mesures de prévention
En plus du dispositif de surveillance et de patrouille, plus de 10 000 gendarmes, militaires et policiers sont mobilisés en permanence pour une mission de prévention. Plus de 290 éléments des forces de sécurité en civil arpentent la ville afin de repérer d’éventuels comportements suspects. Les forces spéciales des Forces républicaines ont été mises en alerte maximale, notamment le contingent antiterroriste basé à Cocody, dans le centre d’Abidjan.
Fait inédit, le gouvernement a procédé à un audit sécuritaire de tous les sites publics. Environ 200 d’entre eux, dits névralgiques, ont été identifiés et bénéficient d’une surveillance accrue. « Nous sommes dans une situation délicate, explique un membre du gouvernement. Nous devons faire face à la menace terroriste sans effrayer les investisseurs et les institutions multilatérales. »
En plus de toutes ces mesures sécuritaires, Hamed Bakayoko devrait faire adopter en Conseil des ministres une directive qui durcira les conditions d’entrée dans le pays pour les ressortissants des États membres de la Cedeao : seuls les détenteurs d’un passeport et/ou d’une carte d’identité biométriques devraient être autorisés à fouler le sol ivoirien.
Dans le cadre d’un accord de coopération sous-régionale, le ministre a rencontré ses homologues du Burkina, du Mali et du Sénégal pour affiner une stratégie commune de sécurisation et de partage d’informations portant sur les mouvances -jihadistes.
À L’ÉCOLE DES FRANÇAIS
La France a déployé en Côte d’Ivoire une dizaine d’éléments du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) et du Raid. Cette équipe aura pour mission de réaliser un audit de sécurité afin d’identifier les faiblesses du système ivoirien. La Côte d’Ivoire souhaite procéder à des tests réguliers de simulation d’attaques terroristes pour rendre ses troupes plus opérationnelles.
Les forces spéciales ivoiriennes bénéficient de stages de formation auprès de leurs collègues français. Le GIGN français soutient le GIGN ivoirien, tandis que le Raid appuie la Force de recherche et d’assaut de la police. Et les services ivoiriens fournissent des renseignements sur les groupes terroristes qui opèrent dans le Sahel, où Aqmi est très actif.
Avec Jeune Afrique.