Tandis que les pays d’Afrique du Nord et l’Ile Maurice parviennent à fournir la plupart ou tous leurs citoyens en électricité fiable, ils sont l’exception en la matière, surtout en ce qui concerne les populations rurales et pauvres. Dans certains pays, le réseau électrique n’est à la portée que d’une fraction de la population; dans d’autres, le réseau étendu est sapé par un approvisionnement insatisfaisant et un service approximatif.
En effet, les coupures d’électricité rotatives peuvent défrayer la chronique; l’absence complète d’infrastructures électriques pas souvent. Tous ces deux phénomènes découlent du déficit en énergie électrique de l’Afrique, un obstacle important au développement humain et socio-économique avec des effets pernicieux sur la santé (imaginez des cliniques sans équipement de survie et sans médicaments et vaccins réfrigérés), l’éducation, la sécurité, et la croissance des entreprises.
Ils sont également ciblés par d’importantes initiatives de développement commePower Africa conduit par les Etats-Unis d’Amérique, le Nouveau Partenariat pour l’Energie en Afrique de la Banque Africaine de Développement, le partenariat des Nations Unies pour les Energies Renouvelables pour Tous, et les stratégies nationales en vue de l’atteinte de l’Objectif du Millénaire pour le Développement Durable N° 7. Comme le disait le Président américain Barack Obama au lancement de Power Africa (USAID, 2013),
L’accès à l’électricité est fondamental à toute opportunité à cette ère. Elle est la lumière à laquelle les enfants étudient, l’énergie qui permet de transformer une idée en vraie entreprise. C’est l’élément vital qui permet aux familles de satisfaire leurs besoins les plus essentiels. Et c’est le raccordement nécessaire pour connecter l’Afrique au réseau global de l’économie. On doit avoir de l’électricité.
Résultats clés
Des millions d’Africains ne l’ont pas. Beaucoup d’autres l’ont, puis ne l’ont plus, ensuite pourraient l’avoir – tout ça au cours de la même journée. Dans ses enquêtes de 2014/2015, Afrobaromètre a exploré la portée et la qualité des connections au réseau électrique à travers quelques 54.000 entrevues dans 36 pays ainsi qu’à travers des observations directes dans des milliers de communautés en Afrique. Apportant un référentiel expérientiel aux efforts internationaux et nationaux en vue du développement adéquat des infrastructures électriques, ses résultats suggèrent que de telles initiatives nécessiteraient des engagements à long terme et de grosses ressources financières.
- En moyenne à travers 36 pays, deux-tiers (66%) d’Africains vivent dans des zones desservis par un réseau électrique, une augmentation de 14 points de pourcentage depuis 2005. Mais ce rapport varie considérablement à travers le continent, de 17% au Burundi et 25% au Burkina Faso à 100% en Ile Maurice et en Egypte. L’accés est le plus bas dans les zones Rurales.
- Six sur 10 Africains (60%) sont réellement connectés à un réseau électrique, allant de moins d’un sur cinq citoyens au Burundi (11%), au Malawi (12%), et au Burkina Faso (14%) à la couverture universelle en Ile Maurice et en Tunisie.
- De ceux qui sont connectés, deux-tiers (69%) bénéficient d’une alimentation fiable en énergie, tandis qu’environ un tiers des raccordements fonctionnent « à peu près la moitié du temps » (9%), de temps en temps (14%), ou « jamais » (8%). Un cas singulier est celui du Nigéria, où 96% des populations sont raccordées, mais seuls 18% de ces raccordements fonctionnent « la plupart » ou « tout le temps ».
- Les effets combinés de l’absence d’un réseau électrique, de l’absence d’une connexion au profit du ménage, et du caractère piteux du raccordement font qu’au Burundi et en Guinée, seuls 4% des citoyens bénéficient d’une alimentation fiable en énergie, suivis du Malawi (7%), de la Sierra Leone (7%), du Burkina Faso (10%), et du Libéria (10%). D’un autre coté se trouvent l’Ile Maurice (100%), le Maroc (92%), l’Egypte et l’Algérie (tous deux 88%), et la Tunisie (83%).
- En moyenne, seuls quatre sur 10 Africains (41%) affirment que leur gouvernement est performant dans la fourniture de l’électricité.
Même les ménages connectés au réseau n’ont pas nécessairement la lumière: En moyenne, seuls 69% des ménages connectés ont effectivement de l’électricité qui marche « la plupart du temps » ou « toujours ». Au Nigéria, quand bien même 96% des ménages sont connectés, seuls 18% de ces raccordements fonctionnent effectivement plus de la moitié du temps. Au Ghana, où le mot « dumsor » (Akan pour « marche-arrêt ») est devenu un mot à usage courant, 87% des ménages sont connectés, mais seuls 42% de ces raccordements fournissent de l’énergie fiable. Cela correspond néanmoins à trois fois le taux de raccordements fiables en Guinée (12%).
Avec n.afrique