Développée par la firme américaine ContourGlobal, une inédite centrale flottante transforme des émanations de gaz potentiellement mortelles en source d’énergie propre et durable.
Situé au Rwanda, le lac Kivu est l’un des trois lacs les plus dangereux au monde. Cette étendue d’eau, avec celles de Nyos et Monoun localisées au Cameroun, renferme en ses fonds de très fortes concentrations de méthane et de dioxyde de carbone (CO2). Deux gaz qui, inhalés en grande quantité, sont mortels. En 1986,l’éruption limnique (une forte émanation de CO2) du lac Nyos a d’ailleurs tué, par asphyxie, 1.700 camerounais.
Dans le cadre du projet KivuWatt, destiné à sécuriser l’approvisionnement en énergie du Rwanda, les autorités locales ont décidé de capturer le méthane naturellement présent dans le lac pour produire de l’électricité.
Mise en service au mois de décembre, mais inaugurée au début du mois de mai, la centrale électrique flottant à la surface du lac Kivu représente un investissement de 200 millions de dollars pour le pays. Elle produit quotidiennement 26 mégawatts (MW) d’électricité, qui s’ajoutent aux 160 MW de capacité dont disposait déjà le pays.
Augmenter de 60% la capacité de production d’électricité
Interrogée par l’AFP, Augusta Mutoni, une responsable de Rwanda Energy Group, l’entreprise publique de production et de distribution d’électricité détaille le fonctionnement de cette installation. Flottant sur le lac à 13 kilomètres du rivage, une plateforme pompe, toute la journée, à plus de 300 mètres de profondeur de l’eau à très forte concentration en méthane et en dioxyde de carbone.
Séparé de l’eau et du CO2, le méthane est ensuite acheminé sur la terre ferme via un pipeline sous-marin pour produire de l’électricité. Quant au dioxyde de carbone restant, il est réinjecté directement dans les eaux du lac.
Outre la manne économique que représente l’extraction de ces gaz, le pompage du méthane permettrait également selon ContourGlobal et le gouvernement rwandais de “stabiliser” sur le long terme le lac Kivu, en le dégazant.
L’entreprise américaine, qui a bâti la centrale projette d’ailleurs de construire deux ou trois autres plateformes d’ici à 2018 afin de porter la capacité du projet KivuWatt à 100 mégawatts.
avec bfmbusiness