Prenant comme motif l’attaque chimique présumée du 7 avril dernier dans le nord de la Ghouta, les Occidentaux menacent de frapper la Syrie. Moscou, allié de Damas, se dit prêt à contrer toute attaque qui ne serait pas conforme au droit international.
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La Bolivie réclame une nouvelle réunion du Conseil de sécurité de l’ONU pour ce 12 avril, pour évoquer la menace d’une action militaire contre la Syrie, ont fait savoir des diplomates le 11 avril.
La Bolivie – qui a soutenu le 10 avril la Russie lors de votes au Conseil concernant Damas – explique que cette réunion à huis clos devrait porter sur «l’escalade récente de la rhétorique concernant la Syrie et la menace d’employer des actions unilatérales».
Lors de la réunion du Conseil de sécurité du 10 avril, la Bolivie s’était en effet opposée au projet de résolution américain. Son ambassadeur Sacha Llorenti avait appelé à ce que les responsables d’attaques chimiques rendent des comptes. A cet égard, il avait rappelé toute sa confiance en l’OIAC (l’Organisation internationale sur les armes chimiques) pour mener l’enquête.
Ciblant les Etats-Unis, il avait dénoncé les «menaces d’utilisation de la force et la menace de mesures unilatérales qui vont à l’encontre de la charte des Nations unies». «C’est illégal et contraire aux principes de la charte», avait-il poursuivi.
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Le président russe Vladimir Poutine a appelé, le 11 avril, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou à «s’abstenir de toute action qui déstabiliserait encore plus la situation» en Syrie après les frappes israéliennes contre une base militaire le 9 avril.
Le président russe a «insisté sur l’importance du respect de la souveraineté de la Syrie», ajoute le communiqué du Kremlin, qui précise que les deux chefs d’Etat «ont discuté des récentes frappes de l’aviation israélienne contre la base aérienne T-4».
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Le Kremlin a taclé ce 11 avril l’habitude de Donald Trump de s’exprimer sur Twitter. «Nous ne participons pas à la twitto-diplomatie. Nous sommes partisans d’approches sérieuses», a déclaré le porte-parole du Kremlin Dimitri Peskov, cité par les agences russes lui demandant de commenter les derniers messages du président américain.
«Nous estimons toujours qu’il est important de ne pas mener des actions qui pourraient nuire à une situation déjà fragile», a-t-il ajouté. Dimitri Peskov a également rappelé que l’attaque chimique présumée de Douma (dans la Ghouta, à l’est de la capitale syrienne), le 7 avril dernier, était instrumentalisée, selon Moscou, par les Etats-Unis. «Nous sommes convaincus que l’utilisation d’armes chimiques à Douma a été inventée, et ne peut être utilisée comme prétexte pour avoir recours à la force», a-t-il prévenu.
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L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) tiendra une réunion d’urgence le 16 avril 2018 pour évoquer l’attaque chimique présumée de Douma du 7 avril dernier.
L’OIAC, basée à La Haye aux Pays bas, a d’ores et déjà annoncé le 10 avril l’envoi d’une équipe dans cette dernière poche tenue par les rebelles salafistes de Jaïch al-Islam pour enquêter. Il a été demandé aux autorités syriennes, par ailleurs demandeuses d’une telle enquête, «de faire les arrangements nécessaires pour ce déploiement». «Cela coincide avec la requête de la République arabe syrienne et de la Fédération de Russie d’enquêter sur les allégations de l’utilisation d’armes chimiques à Douma», a précisé l’OIAC, citée par Reuters.
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D’après Reuters, le Pentagone a annoncé par la voix du secrétaire américain à la Défense Jim Mattis, ce 11 avril, avoir planché sur les différentes options militaires en Syrie et s’est dit prêt à les présenter au président américain Donald Trump. Il a cependant précisé que les Etats-Unis étaient «encore en train d’évaluer» les informations sur l’attaque chimique présumée du 7 avril, à Douma.
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Le Premier ministre britannique Theresa May explique que «tout signale que le régime syrien est responsable de l’attaque chimique» qui se serait produite à Douma. Pour autant, la dirigeante hésite à se joindre à une éventuelle action militaire, disant avoir besoin de plus de preuves.
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Citée par l’agence RIA, l’armée russe a signalé que les échantillons récupérés sur le lieu de l’attaque chimique présumée en Syrie ne contenait pas de «substances toxiques».
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L’armée russe explique que les Etats-Unis «feraient mieux de reconstruire la ville en ruines de Raqqa plutôt que de parler de lancement de missiles».
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L’armée russe, citée par l’agence TASS, a fait savoir que l’attaque chimique supposée à Douma en Syrie avait été «mis en scène» par les Casques blancs syriens.
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La Syrie a dénoncé ce 11 avril comme une «escalade dangereuse» les menaces de frappes du président américain Donald Trump contre son territoire, selon l’agence officielle syrienne Sana.
«Nous ne sommes pas étonnés par cette escalade dangereuse en provenance d’un régime comme celui des Etats-Unis qui a parrainé et parraine encore le terrorisme en Syrie», a fait savoir une source du ministère des Affaires étrangères, citée par Sana.
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Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a déclaré ce 11 avril espérer que «toutes les parties éviteront tout acte qui ne serait en réalité en aucun cas justifié et qui pourrait déstabiliser la situation, déjà fragile sans cela dans la région», se référant aux éventuelles frappes américaines en Syrie, en réponse à l’attaque chimique présumée du 7 avril à Douma.
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Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a déclaré ce 11 avril espérer que «toutes les parties éviteront tout acte qui ne serait en réalité en aucun cas justifié et qui pourrait déstabiliser la situation, déjà fragile sans cela dans la région», se référant aux éventuelles frappes américaines en Syrie, en réponse à l’attaque chimique présumée du 7 avril à Douma.
Alors que les forces armées syriennes, avec l’appui de la Russie, ont reconquis la quasi-totalité de la Ghouta, les Occidentaux menacent de frapper la Syrie. L’armée syrienne est en passe de venir à bout des groupes armés rebelles dans cette enclave située à l’est de la capitale syrienne. Reste une dernière poche sous le contrôle des combattants salafistes de Jaich al-Islam (Armée de l’islam).
Bien que leur objectif de guerre déclaré ait été initialement la lutte contre Daesh, et plus largement contre le terrorisme, depuis le 7 avril, les Occidentaux accusent une fois de plus Damas d’avoir fait usage d’armes chimiques. Malgré l’absence de preuves, les Etats-Unis et la France envisagent de frapper la Syrie.
Le 11 avril, en réponse à ces menaces, la Russie a fait savoir qu’elle prendrait des mesures militaires défensives en cas d’attaque. «Tout missile américain tiré sur la Syrie sera abattu», a prévenu le 10 avril l’ambassadeur russe au Liban Alexandre Zassypkine. Et d’ajouter : «S’il y a une frappe des Américains, alors… leurs missiles seront détruits et même les sites à partir desquels les missiles auront été tirés.»
Bruits de bottes
Au cours des derniers jours, les signaux d’une probable intervention des Etats-Unis, appuyée par la France, contre Damas se sont multipliés. L’Agence européenne pour la sécurité aérienne (EASA) a ainsi émis le 10 avril un message clair de mise en garde, invoquant «de possibles frappes aériennes en Syrie […] dans les 72 heures à venir».
Le destroyer lance-missile USS Donald Cook a quitté le 10 avril le port chypriote de Larnaca, où il faisait escale, et se trouve dans une zone d’où il peut facilement frapper la Syrie. D’après Reuters, le Pentagone a annoncé ce 11 avril avoir planché sur les différentes options militaires et s’est dit prêt à les présenter à Donald Trump.
Moscou dénonce pour sa part l’utilisation d’un prétexte. D’autant plus que la situation dans la Ghouta orientale, enclave jusque récemment aux mains des groupes armés rebelles islamistes, est «totalement stabilisée», d’après le général russe Victor Poznikhir. Celui-ci a également annoncé le 10 avril 2018 le déploiement de la police militaire russe. «Les forces armées russes achèvent leur opération humanitaire massive conjointement avec les forces gouvernementales syriennes», a-t-il précisé.