Le Front Polisario et le Maroc sont les seuls concernés par les négociations sur la résolution du conflit au Sahara occidental, et l’Algérie ne «s’impliquera» dans ces dernières, a fait savoir Abdelkader Messahel, ministre algérien des Affaires étrangères dans un entretien accordé mardi à la chaîne France24.
«L’Algérie soutient le principe d’autodétermination et les droits légitimes du peuple sahraoui», a déclaré Abdelkader Messahel ministre des Affaires étrangères algérien, en visite de trois jours en France depuis le 9 avril 2018, dans un entretien accordé ce mardi à la chaîne d’information France24. Le ministre a aussi affirmé que l’Algérie ne «s’impliquera» pas directement dans les négociations entre le Maroc et le Front Polisario, car elles ne concernaient que les deux parties au conflit.
«Le Maroc affirme que c’est une affaire entre l’Algérie et le Maroc, ce n’est pas le cas, c’est une affaire entre le Maroc et le peuple sahraoui, et entre le Maroc et les décisions des Nations unies», a déclaré le diplomate, en soulignant que «la négociation sur le fond s’est toujours faite entre des représentants du Front Polisario et du Maroc, cela ne changera pas».
Ces déclarations du ministre algérien sont une réponse aux propos tenus par le roi du Maroc Mohammed VI, dans une lettre adressée le 4 avril 2018 au secrétaire général de l’Onu, dans laquelle il affirmait que «l’Algérie a une responsabilité flagrante. C’est l’Algérie qui finance, c’est l’Algérie qui abrite, c’est l’Algérie qui arme, c’est l’Algérie qui soutient et qui apporte son soutien diplomatique au Front Polisario», écrit le journal marocain Le Matin en citant la lettre. «Le Maroc demande et a toujours demandé que l’Algérie puisse participer au processus politique, que l’Algérie puisse assumer une responsabilité pleine et entière dans la recherche d’une solution et que l’Algérie puisse jouer un rôle à la hauteur de sa responsabilité dans la genèse et l’évolution de ce différend régional», ajoute plus loin le souverain marocain.Bien qu’Abdelkader Messahel ait affirmé lors de cet entretien avec la chaîne française qu’il n’avait pas «été informé d’une possible intervention militaire marocaine», et ce suite à la déclaration de son homologue marocain Nasser Bourita, lors d’une conférence de presse le 4 avril à New York, faisant suite à sa rencontre avec le secrétaire général de l’Onu Antonio Guterres, où il a déclaré que: «Si le Conseil de sécurité n’assume pas ses responsabilités, le Maroc assumera les siennes». « Le Maroc en tirera toutes les conséquences », a ajouté le ministre marocain. Cependant l’armée algérienne a réagi à ces déclarations jugées belliqueuses.
En visite dans la deuxième région militaire dans l’ouest du pays, dans la ville de Sidi Bel Abbes pas loin de la frontière algéro-marocaine, le général de corps d’armée, vice-ministre de la Défense nationale, et chef d’état-major de l’armée algérienne Ahmed Gaïd Salah a ainsi déclaré: «tant que nous sommes pertinemment conscients que la préparation au combat est l’un des facteurs auxquels on peut compter en matière d’acquisition de la disponibilité requise, je tiens à préciser, aujourd’hui comme je l’ai toujours fait, que l’effort principal et vital consiste en la préparation au combat avec toutes les connotations de ces termes et avec toutes leurs exigences», selon un communiqué du ministère de la Défense algérien, cité par le journal L’Expression. «De telles orientations interviennent dans un climat tendu avec le Maroc qui continue d’exercer avec maladresse un semblant de pression en exhibant “le brin” de force dont dispose son armée» à l’égard de l’Algérie, selon le quotidien.
Pour rappel, dans son rapport au conseil de sécurité sur la situation au Sahara occidental, rendu public le 4 avril 2018, le secrétaire général de l’Onu écrivait vouloir « parvenir à une solution juste, durable et mutuellement acceptable du conflit, qui permette d’assurer l’autodétermination du peuple du Sahara occidental», relatait le quotidien Jeune Afrique. «Je voudrais, comme le Conseil de sécurité, exhorter à nouveau les États voisins, l’Algérie et la Mauritanie, à apporter leur concours au processus politique et à s’engager plus avant dans les négociations», ajoutait le responsable onusien, mais sans que cette sollicitation n’ait un caractère obligatoire.