Les magistrats du Burkina Faso dénoncent la décision récente du gouvernement de suspendre le juge civil délégué au tribunal militaire et le commissaire du gouvernement. Réunis à travers le comité intersyndical des magistrats du Burkina Faso, ils ont fait savoir leur mécontentement dans une note publiée le jeudi 12 mai 2016.
Pour ces hommes de loi, la suspension de leurs confrères est une intrusion étatique qui met en mal l’indépendance de la justice.
La décision mettant fin aux fonctions de certains magistrats au tribunal militaire ne saurait (…) constituer autre chose qu’une atteinte grave à l’indépendance de la justice .
Le mercredi 11 mai dernier, a l’issue du conseil des ministres ,il a été annoncé la destitution de Norbert Koudougou, commissaire du gouvernement près le tribunal militaire de Ouagadougou et du juge civil, Sébastien Rapademnaaba. Ils ont été donc dessaisi des affaires de « l’assassinat de l’ancien président Thomas Sankara » et du mandat d’arrêt contre Soro Guillaume. La raison officiellement évoquée fait état de questions techniques et de « souci de simplification des procédures ». Il est reproché par exemple au juge un certain nombre de manquements. « C’est le désordre depuis des mois. Nous ne pouvions plus continuer à laisser passer ça, il en va de notre crédibilité » précise un collaborateur du Président Burkinabè, cité par Jeune Afrique. Concernant le commissaire du gouvernement, le ministre burkinabè de la Justice, Réné Bagoro, évoque une nécessité de collaboration plus efficiente entre la justice et l’État.
Le chef de l’État a estimé qu’au regard de la situation, il avait besoin de remplacer, de mettre un autre Commissaire du gouvernement avec qui il peut facilement travailler. De ce point de vue, c’est une situation normale , explique le ministre de la Justice.
Toutes ces explications, les magistrats du Burkina Faso ne l’entendent pas de cette oreille. Ils exigent « l’annulation pure et simple » de cette décision et préviennent : « A défaut, le comité intersyndical des magistrats ne sera comptable ni des actions qui lui auront été ainsi imposées ni de leurs conséquences ».