Depuis le 5 mai 2016, dix membres de la commission d’identification et de recensement des populations victimes d’expropriation dans le cadre du projet de construction du port en eau profonde de Kribi, dans la région du Sud-Cameroun, sont en détention provisoire à la prison centrale de Kondengui à Yaoundé, a-t-on appris de bonnes sources.
Parmi les personnes incarcérées, se trouvent Jean François Bilong, ancien préfet du département de l’Océan aujourd’hui à la retraite ; le premier adjoint préfectoral de ce département à l’époque des faits ; l’ancien sous-préfet de l’arrondissement de Kribi 1er ainsi que son adjoint ; un certain André Joseph Eyebe Eyebe, installé dans les fonctions de sous-préfet de l’arrondissement de Bangangté, à l’ouest du pays, le 25 avril 2016 ; et des agents départementaux du ministère des Domaines et celui de l’Agriculture.
Ce beau monde est accusé d’avoir falsifié la liste des personnes à indemniser dans le cadre du projet du port en eau profonde de Kribi. En effet, au moment des indemnisations, des voix s’étaient élevées pour dénoncer la présence sur lesdites listes de personnes totalement inconnues, alors que bon nombre de vrais riverains du site du projet avaient été oubliés. Dans le même temps, les populations avaient dénoncé la fixation à têtes-chercheuses des montants à percevoir par les indemnisés, ainsi que des actes de corruption et de favoritisme imputés aux membres de la commission de recensement.
A ces dénonciations, s’étaient ajoutées les réserves du FMI, qui avait jugé exorbitante l’enveloppe globale des indemnisations présentée à l’équipe du projet : 20 milliards de francs Cfa. Des enquêtes ouvertes avaient conduit au constat de l’introduction frauduleuse de noms de certains bénéficiaires dans la liste des personnes à indemniser. Pratique qui avait été rendue possible au moyen de faux titres fonciers ou alors de titres fonciers antérieurs au décret présidentiel déclarant le site d’utilité public, ou encore la présentation de titres fonciers de terrains situés très loin du site concerné par les indemnisations.
En septembre 2013, en bouclant le processus des indemnisations des riverains du port de Kribi, qui avait été lancé en 2011 puis suspendu du fait de la colère des populations ; la ministre des Domaines, Jacqueline Koung à Bessiké, avait annoncé qu’après enquête et toilettage de la liste des personnes à indemniser, le gouvernement avait finalement pu économiser une enveloppe globale de 9 milliards de francs Cfa.
avec Investir au Cameroun