En 2017, Total a signé un contrat d’exploitation de gaz offshore en Iran, mais ce projet, dont la première phase représente un investissement de 2 milliards de dollars, pourrait être anéanti par de nouvelles sanctions américaines contre l’Iran.
Dans une interview accordée au quotidien Les Echos publiée le 2 avril, Patrick Pouyanné, PDG de Total, reconnaît à mots couverts qu’il dépend du bon vouloir des autorités américaines pour le maintien de ses activités en Iran. Elles concernent l’exploitation de la section 11 de South Pars (appelé North Dome dans certains pays), le plus grand gisement de gaz naturel au monde, découvert à la fin des années 1970 et situé à cheval sur les eaux territoriales iraniennes et qataries dans le Golfe persique.
Ainsi, quand les journalistes du quotidien économique lui demandent ce que ferait Total si Donald Trump instaurait des sanctions contre l’Iran, comme il a menacé de le faire, il répond d’abord : «Nous procéderons comme en 1996, en demandant aux autorités américaines une exemption spécifique.» Selon lui, elle pourrait être plaidée parce que le projet d’exploitation de gaz offshore en Iran a été signé alors que les sanctions américaines étaient levées ; que le gaz n’est pas destiné à l’exportation mais au marché domestique ; et qu’il n’implique aucun intérêt économique lié au corps des Gardiens de la révolution, organisation paramilitaire d’élite liée directement au guide suprême iranien et implantée au Liban.
En effet, même si les Pasdaran, autre nom de l’organisation, ne figurent pas sur la liste américaine des organisations terroristes, ils ont été accusés, en octobre dernier, par le secrétaire américain au Trésor Steve Mnuchin, d’avoir «joué un rôle central pour faire de l’Iran le principal Etat à soutenir le terrorisme dans le monde». Ces déclarations avaient accompagné un nouveau train de sanctions américaines.
Conscient que rien ne garantit une réponse favorable des autorités américaines en cas de sortie des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien, le patron de Total ajoute : «Si nous n’obtenions pas cette exemption, nous devrions nous retirer.» Ce serait alors un sérieux préjudice pour le groupe qui partage avec ses partenaires la charge d’un investissement initial de 2 milliards de dollars (1,6 milliard d’euros) qu’il ne pourrait en aucun cas récupérer s’il décidait d’abandonner sa participation majoritaire dans le projet.
Un contrat franco-sino-iranien
Total a signé en juillet 2017 ce contrat avec la National Iranian Oil Company (NIOC), pour une capacité de production de quelque 57 millions de mètres cube de gaz par jour, soit 400 000 barils équivalent pétrole. Le groupe pétrolier est opérateur et détient une participation de 50,1% aux côtés de la compagnie nationale chinoise CNPC (30%), et de Petropars (19,9%), filiale à 100% de la NIOC.
Au moment de la signature, Patrick Pouyané avait commenté ainsi l’accord dans un communiqué : «Nous sommes fiers et honorés d’être la première compagnie internationale à signer un IPC [Iranian Petroleum Contract], qui offre un cadre commercial attractif, suite à la conclusion de l’accord international sur le nucléaire (JCPOA) en 2015 et de contribuer ainsi au développement des relations entre l’Europe et l’Iran.»
Avec rtfrance