Le 07 avril 2016 s’est tenu à Casablanca, au siège de la CGEM, le 1er séminaire autour de la « ville intelligente ». A l’heure où la capitale économique doit relever de grands défis en termes de gestion urbanistique et démographique, cette initiative du cluster E-Madina est salutaire. La mission de cette nouvelle structure est de créer et de développer un écosystème « smart city » pour faire émerger des initiatives de transformation de la ville en utilisant les technologies numériques et les ressources matérielles et immatérielles disponibles. Cette journée de travail, co-organisée avec le soutien de Maroc Numeric Cluster, a attiré plus de 150 participants venus de tout le Maroc pour comprendre les énormes enjeux liés à ce nouveau concept prometteur. Reportage au siège de la CGEM…
Pourquoi Casablanca ?
Casablanca est la ville la plus peuplée du Maroc. Cette mégalopole concentre aujourd’hui plus de 4.2 millions d’habitants avec une densité de population pouvant atteindre 40.000 habitants/km² !
Attirés par son dynamisme économique (Casablanca contribue à 25 % du PIB national et attire 48% des investissements du pays) et sa modernité au niveau des infrastructures et des services, de nombreux Marocains s’y sont installés ou viennent y travailler.
Cette pression démographique constante sur la ville pose de nombreux défis et challenges à relever pour les autorités de la ville : gestion du trafic routier, des déchets, de la sécurité, de la santé des personnes, etc.
Il est donc devenu urgent aujourd’hui de penser à transformer et optimiser les différents services et infrastructures de Casablanca pour répondre aux nouveaux besoins de ses habitants.
A l’heure où les ressources énergétiques deviennent de plus en plus rares (donc plus chères) et où les tensions sociales pourraient s’exacerber, la mise en place d’uneCasablanca Smart City est donc devenue une nécessité urgente pour cette ville.
Le Cluster E-Madina, pierre angulaire de la construction de «Casablanca Smart City»
L’ambition du cluster E-madina est justement de mettre en place les conditions favorables pour faire adopter pleinement ce nouveau concept par la ville de Casablanca.
Initialement constitué en Think tank au niveau de l’APEBI, ce groupe de travail a rapidement évolué en organisation professionnelle grâce à l’implication de différents acteurs associatifs et privés et à un environnement politique favorable (plan Maroc numeric).
Son président, M. Lakhlifi Mohammed, a indiqué dans le mot d’ouverture du séminaire, que le Cluster E-madina avait pour ambition de «fédérer l’ensemble des acteurs impliqués dans le développement de la ville de Casablanca autour de l’écosystème Smart City ».
6) Partage de données à encourager
Ce n’est qu’une fois que les utilisateurs se sentiront en sécurité au niveau de la sécurité et de la protection de leurs données personnelles que le Big Data pourra prendre toute sa signification.
En effet, la ville intelligente qui se «nourrit» de ce dernier ne pourra devenir réalité que si les données sont partagées.
Malheureusement, les startups et entreprises marocaines n’ont pas encore suffisamment de données publiques à exploiter pour produire des services à haute valeur ajoutée.
Il faudrait donc sensibiliser les citoyens et les différents acteurs publics et privés autour du concept de l’Open Data et encourager l’utilisation de plateformes open source.
Mr Pierre Yves Danet, responsable de la recherche collaborative européenne chezOrange Labs a justement donné l’exemple de Fiware, une plateforme open source qui facilite l’émergence d’applications mobiles et d’objets connectés.
Des entreprises internationales à forte expérience «Smart City»
Les services cloud sont une composante essentielle pour héberger les différentes plateformes numériques des smart city.
La solution IBM Bluemix jouit d’une réputation solide dans ce domaine. Celle-ci a été présentée à l’auditoire grâce à l’intervention de Ahmed Amni, le responsable développement afrique francophone chez IBM.
Amine Serraj, Public Lightning Manager à Phillips Maroc a, quant à lui, expliqué les bienfaits en termes d’économie d’énergie de la technologie LED et a présenté sa solution d’éclairage intelligent City Touch qui équipe déjà plusieurs smart citieseuropéennes.
M. Saad Azzaoui, directeur du patrimoine à Lydec, entreprise détenue à 51% par le français Suez, a lui montré à l’auditoire comment la technologie numérique pouvait aider à rationaliser les investissements en infrastructure électrique, suivre l’état d’avancement des travaux en temps réel, ou encore moduler l’intensité de l’éclairage et la pression d’eau pour faire baisser la facture énergétique globale de la ville.
Ces quelques exemples d’entreprises internationales qui opèrent déjà dans l’écosystème Smart Cities à l’étranger nous montrent que celles-ci peuvent être d’un atout précieux pour la mise en place optimale d’une Casablanca Smart City grâce à leurexpertise et expérience dans ce domaine.
L’innovation des «startupeurs» marocains à exploiter !
Les entreprises et startups nationales peuvent, elles aussi, jouer un grand rôle dans cet écosystème.
Souvent innovantes et maitrisant parfaitement l’environnement local, elles peuvent aider à résoudre des problématiques spécifiques à la ville de Casablanca.
La plateforme Screendy par exemple, fondée par Mehdi Alaoui, pourrait jouer le rôle de catalyseur pour la création de services mobiles à haute valeur ajoutée.
Gratuite et facile d’utilisation, elle pourrait être intégrée au schéma directeur de la Smart City pour produire plus d’objets connectés et d’applications mobiles utilespour les habitants de Casablanca.
Tarik Fadlin fondateur de Algo Consultingn fait lui aussi partie des entrepreneurs qui peuvent contribuer à améliorer la vie des casablancais.
Sa solution de dématérialisation des services administratifs, qu’il a présenté lors de ce séminaire, est extrêmement innovante et a déjà été déployée dans d’autre pays africains.
La E-mokataa est en phase d’être déployée au Maroc et pourrait complètement révolutionner notre manière de communiquer et d’interagir avec l’administration marocaine.
Omar Bencherki, de Navicities, a, lui, développé une solution remarquable au niveau de la ville d’El Jadida qui pourraient parfaitement s’intégrer à la future Casablanca Smart City : des ambulances équipées en tablettes tactiles connectées en permanence avec un centre d’assistance de Saham Assurance !
Ces véhicules peuvent ainsi facilement trouver les personnes qui ont besoin de secours urgents grâce à la géolocalisation détaillée de Navcities.
Une fois récupérées, ils peuvent les acheminer vers les établissements de santé disponibles les plus proches grâce à la navigation GPS avec assistance vocale automatisé.
La cartographie de Navcities est une alternative sérieuse à Google Maps et à d’autres services de géolocalisation pour une navigation dans la future ville de Casablanca Smart City.
Le service I-taxi de Tayeb Sbihi permet quant à lui d’améliorer le système de transports grâce à une application mobile qui permet de facilement trouver un taxi de qualité.
L’interface simple et en darija de I-Taxi permet à plus de 150 taxis marocains de facilement récupérer leurs clients grâce à la géolocalisation!
Après avoir été formés et sensibilisés à l’importance du service client, les chauffeurs de taxi rouges casablancais peuvent désormais être notés pour la qualité de leurs services.
Tayeb Sbihi compte développer son entreprise pour atteindre dès l’année prochaine un parc de plus de 500 taxis casablancais !
Moondar est la dernière startup marocaine à avoir présenté son concept à l’issue de ce séminaire.
Son projet de Casablanca 3D (représentation numérique de Casablanca en 3D interactive) est assez spectaculaire. Il pourrait apporter une véritable valeur ajoutée à l’écosystème Smart City en aidant les autorités publics à mieux visualiser tous les chantiers prioritaires à mettre en place.
Conclusion
Le développement économique rapide de la ville de Casablanca, où se concentre 46% de la population active, a laissé des traces au niveau de la qualité de vie de ses habitants (congestion du trafic, pollution, lourdeurs administratives, etc.). Ces derniers ont plus que jamais besoin d’une ville intelligente. Le projet de Casablanca Smart City lancé par le cluster E-Madina est une initiative sérieuse et réalisable qui permettrait de résoudre la plupart des problèmes de la ville en utilisant intelligemment la technologie numérique et le partage des données volontaire. Pour avoir les meilleurs chances de réussir, les différents acteurs de la ville (publics, privés, citoyens) devront suivre les différentes recommandations énoncées dans ce séminaire et respecter le futur schéma directeur commandité par Casa Prestations. Il s’agira de travailler en complète synergie et complémentarité. Les 3 grands opérateurs nationaux devront être les premiers à donner l’exemple en s’associant pour mutualiser le développement de leurs technologies ! Ce n’est en effet qu’avec un socle solide au niveau des infrastructures télécoms qu’une Smart City pourra prendre réellement prendre vie…
Avec lemag-numerique.com