Les chiffres de l’INSEE ne sont pas bons dans les Hauts-de-France. La filière y emploie toujours 42 200 emplois, c’est davantage que l’automobile, mais souffre encore de coupes claires dans ses effectifs.
Avec 37 000 salariés et 5 200 non salariés en 2013, derniers chiffres disponibles, la filière bois figurerait presque la solidité du vieux chêne. Sauf que la situation est bien plus fragile qu’il n’y paraît dans le Nord – Pas-de-Calais (8,3 % de la surface boisée française, dernier de la classe) et en Picardie (16,8 % de la forêt nationale). Ici, le bois perd ses emplois. Dans l’industrie papetière surtout (Arjowiggins, Stora Enso…) mais aussi dans les 8 800 établissements d’une filière régionale très morcelée et qui subit bien davantage la crise de 2008 qu’ailleurs en France.
TRONCS COMMUNS
La menuiserie et la charpente ont perdu 15 % des effectifs entre 2008 et 2013. C’est – 10 % dans le négoce et le commerce de détail, – 15 % dans l’industrie du papier-carton (9 % en France métropolitaine), -30 % dans l’ameublement et l’agencement. Au global, la filière déplore 17 % de baisse de ses effectifs entre 2003 et 2013. Les jeunes ne suivent pas, les salaires sont bas à 12,3 € net moyen de l’heure, c’est 40 centimes de moins que l’ensemble des activités de la région car les ouvriers non qualifiés sont plus nombreux.
Et la grande partie de la valeur ajoutée des bois qui file en Chine ou en Europe de l’Est… « On ne peut pas imposer le bois local dans les appels d’offres », regrette Fabienne Delabouglise, déléguée générale de Nord Picardie Bois. Que faire ? L’ancienne majorité du conseil régional avait déployé un arsenal de solutions pour défendre la filière sous l’égide de son vice-président écologiste. Aides financières, appels à projets pour reboiser avec notamment les 121 000 propriétaires forestiers, encouragements pour relancer l’industrie de la première transformation (les scieurs), travail sur les essences locales dont le peuplier, aujourd’hui non rentable. À 30 € le m3 c’est un prix bien trop bas, autant se résoudre à l’exporter. « Il faut poursuivre l’effort pour qualifier notre ressource locale en feuillus », explique Adam Prominski à la direction des affaires économiques de la nouvelle Région.
C’est également penser aux aides censées soutenir la commande publique, vitale pour la filière, ou réorienter des budgets publics vers des activités de niches estimées porteuses, comme le bois énergie. Un projet d’usine de pelêts fait débat à Anor dans le sud de l’Avesnois et des projets de nouvelles chaufferies bois s’envisagent dans d’autres territoires. Seuls 5 % des emplois du bois dépendent de centres de décision extérieurs à notre région. L’essence de l’emploi est locale. À sauvegarder.
avec lavoixdunord