- Le rapport tant attendu sur la stratégie de la France — et de l’Europe — en matière d’intelligence artificielle (IA) a été dévoilé ce mercredi 28 mars 2018, en fin de journée.
- Il recommande la mise en place d’un “écosystème de la donnée”, de se concentrer sur quatre secteurs prioritaires et d’endiguer la fuite des talents français si elle veut jouer dans la cour des grands, aux côtés des Etats-Unis et de la Chine.
- Dans le même temps, Google, Samsung, Fujitsu et Microsoft ont annoncé des investissements en France pour développer leurs recherches en IA.
- Ces entreprises ont choisir la France pour ses talents en IA, en mathématiques et en algorithmique.
Le rapport sur la stratégie de la France — et de l’Europe —, dirigé par le député Cédric Villani, dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA) a été rendu public, hier, mercredi 28 mars 2018.
Ce dernier recommande notamment la mise en place d’un “écosystème de la donnée”, de se concentrer sur quatre secteurs prioritaires — la santé, l’environnement, les transports et la défense — et d’endiguer la fuite des talents français si la France veut pouvoir être une voix qui compte dans le domaine de l’IA, aux côtés des Etats-Unis et de la Chine.
Dans le même temps, quatre entreprises internationales de renom ont annoncé avoir choisi la France pour avancer dans le domaine de l’IA. Il s’agit du géant américain Google, du Japonais Fujitsu, du Sud-Coréen Samsung et de Microsoft.
Le géant Google, qui avait déjà annoncé la création d’un centre de recherche en IA au sein de ses bureaux parisiens en janvier dernier, veut continuer à “contribuer à former la prochaine génération de scientifiques et établir des ponts entre la recherche académique et le secteur privé”, comme l’avait dit son DG, Sundar Pichai.
Ainsi, le moteur de recherche s’allie avec l’école Polytechnique pour lancer en septembre prochaine une chaire internationale dédiée à l’IA. La formation intitulée “Artificial Intelligence & Visual Computing”, proposée en association avec l’Inria, l’ENSTA ParisTech et Télécom ParisTech, participera à un programme de bourses pour attirer des candidats prometteurs internationaux en la matière. Google France proposera des stages en son sein aux étudiants de Polytechnique.
Le géant de l’électronique sud-coréen Samsung a, quant à lui, décidé d’ouvrir son troisième plus grand centre de recherche mondial dédié à l’IA en France, après ceux aux Etats-Unis et en Corée du Sud, a annoncé hier son DG Young Sohn au président Emmanuel Macron.
Ce nouveau laboratoire, qui comptera au départ une “quinzaine de personnes”, mais qui devrait rassembler à terme plus d’une centaine de chercheurs, sera localisé à Paris ou sur le plateau de Saclay, connu comme un grand pôle technologique et scientifique en France.
Le Japonais Fujitsu va élargir à l’Europe son centre français de recherche en IA. Ce dernier va être agrandi de 200 mètres carrés, a précisé le groupe japonais.
En mars 2017, Fujitsu avait inauguré un centre de recherche au sein du Drahi X-Novation Center, l’incubateur dédié à l’entreprenariat et à l’innovation de l’Ecole polytechnique, sur le plateau de Saclay (Palaiseau), après avoir annoncé un investissement sur cinq ans de plus de 50 millions d’euros en France pour innover dans le cloud, l’IoT, la cybersécurité, mais en priorité dans l’IA.
Dans une interview téléphonique avec l’agence Reuters, Benjamin Revcolevschi, directeur général de Fujitsu France, a déclaré:
“On a engagé il y a plus d’un an et demi une démarche pour convaincre le groupe qu’il fallait investir en France. On a des talents en France, notamment en intelligence artificielle, en algorithmique, en mathématiques qui sortent du lot”.
A l’occasion du sommet sur l’IA à Paris, le géant américain Microsoft a annoncé un investissement de 30 millions de dollars sur trois ans en France pour y développer une “IA de confiance”. Cet investissement sur trois ans se traduira notamment par:
- la création de 3000 nouveaux emplois au sein de l’écosystème tech français,
- la création d’Impact IA, décrit comme “un collectif de réflexion et d’action”,
- et le lancement de Compétences IA, “un programme national fondé sur l’acquisition de compétences autour de l’IA, du cloud et du code pour tous”.
‘La preuve qu’on est tout à fait dans la course’ de l’IA
Au micro de France Inter, le député Cédric Villani, en charge de cette mission sur l’IA, avait déjà fait allusion à ces nouveaux investissements, en se félicitant de “la capacité de recherche en IA” en France:
” De grandes entreprises américaines et asiatiques aiment bien implanter des centres de recherche sur notre territoire, à proximité de nos étudiants, de nos universités, de nos chercheurs… Demain, on aura d’autres annonces de ce type.”
Le mathématicien avait par ailleurs ajouté que ces annonces sont une bonne nouvelle pour la France, car elles sont “la preuve qu’on est tout à fait dans la course” de l’IA:
“Ces nouveaux investissements doivent nous réjouir. C’est la preuve qu’on est tout à fait dans la course, mais qu’on nous lance un défi: améliorer notre système de formation, nos institutions de recherche, nos laboratoires de recherche et industriels pour garder de l’attractivité.”
Un autre membre des GAFA, Facebook avait annoncé fin janvier dernier qu’il allait investir 10 millions d’euros en France dans le domaine de l’IA, car le pays “joue un rôle moteur dans la recherche mondiale.”
Néanmoins, le rapport sur la stratégie de la France en IA souligne que la recherche française souffre d’une “fuite des cerveaux” vers les géant du numérique — Facebook compte notamment dans ses rangs le Français Yann LeCun, l’un des plus grands experts en IA dans le monde, ou encore Antoine Bordes, directeur du FAIR européen —, et qu’il faut améliorer les conditions de travail des chercheurs pour pouvoir endiguer ce problème.
Avec businessinsider