Un juge fédéral américain a rejeté le recours de l’Arabie saoudite qui souhaitait faire annuler les poursuites des familles de victimes du 11 septembre à son encontre. Le juge estime que les accusations présentent un «fondement raisonnable».
L’Arabie saoudite pourra bien être poursuivie par des familles de victimes aux Etats-Unis pour son implication présumée dans les attentats du 11 septembre 2001, dont 15 des 19 auteurs étaient Saoudiens. Les tentatives de Riyad d’empêcher la tenue de ce procès n’ont pas porté leurs fruits : un juge fédéral américain a rejeté le 28 mars le recours du royaume wahhabite visant à annuler les poursuites engagées contre lui.
Le magistrat George Daniels, qui siège à Manhattan, a estimé dans son jugement que les plaignants articulaient clairement un «fondement raisonnable» dans leurs arguments, ce qui ouvre la voie à une procédure judiciaire sous la loi Jasta (Justice Against Sponsors of Terrorism Act). Malgré le véto opposé à l’époque par Barack Obama, le Congrès américain avait adopté cette loi fin septembre 2016. Elle permet aux survivants et aux proches de victimes du terrorisme de poursuivre en justice des gouvernements étrangers.
Dans leur plainte, ces 800 familles de victimes accusent l’Arabie saoudite d’avoir fourni une assistance matérielle et financière aux pirates de l’air, ainsi que d’avoir financé le groupe terroriste al-Qaïda via des organisations caritatives. James Kreindler, l’un des avocats des plaignants, s’est félicité de la décision du juge fédéral, déclarant que ses clients étaient «ravis» que les objections de Riyad aient été rejetées. «Nous avons insisté pour poursuivre cette affaire et pour que toute la lumière soit faite sur cette histoire, afin d’exposer le rôle des Saoudiens dans les attentats du 11 septembre», a-t-il déclaré dans des propos rapportés par Reuters.
L’Arabie saoudite, qui a toujours nié son implication dans les attentats, est un allié de longue date des Etats-Unis et entretenait à l’époque des faits d’excellentes relations avec Washington. A titre d’exemple, le prince Bandar ben Sultan, ambassadeur saoudien aux Etats-Unis entre 1983 et 2005, était si proche de la famille Bush qu’il avait glané le surnom de «Bandar Bush». En 2004, une commission d’enquête américaine avait conclu que le gouvernement saoudien n’était pas impliqué dans l’attentat.
Avec rtfrance