Selon une enquête KPMG pour la CGPME, les deux tiers des patrons de PME estiment que la réforme aura un impact négatif sur le fonctionnement de leur entreprise.
Malgré les assurances données par le gouvernement, le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu suscite beaucoup de craintes chez les patrons. Surtout ceux qui sont à la tête de PME. Selon une enquête du cabinet de conseil KPMG auprès de 400 dirigeants d’entreprise de 10 à 500 salariés réalisée pour la CGPME, plus de la moitié d’entre eux (54 %) s’inquiètent de cette réforme prévoyant une collecte de l’impôt au moment du versement du salaire, en fonction d’un taux transmis par le fisc. Et les deux tiers des sondés estiment qu’elle aura un impact négatif sur le fonctionnement interne de leur société.
« Les chefs d’entreprise ne comprennent pas ce qu’ils viennent faire là-dedans », déplore François Asselin, président de la CGPME. « Il faudra éditer de nouveaux bulletins de paie et donc investir dans du paramétrage de logiciels », souligne-t-il, pointant par ailleurs les nombreuses heures qui devront être allouées à la mise en place du nouveau dispositif. « Or le temps, c’est de l’argent. »
Du côté de l’exécutif, on s’emploie pourtant à calmer les esprits. Le ministre des Finances, Michel Sapin, assure que le travail supplémentaire pour les entreprises sera « extrêmement modéré ». Et Christian Eckert, le secrétaire d’Etat au Budget, estime que « multiplier un revenu imposable par un taux communiqué par l’administration fiscale, et après cette multiplication, faire une soustraction » ne constitue pas une charge phénoménale.
Difficultés potentielles
« A la moindre évolution du salaire net, le premier interlocuteur qui aura à répondre aux questions du salarié ne sera pas l’administration fiscale mais l’employeur », alerte François Asselin. Ainsi, 55 % des patrons de PME redoutent une détérioration des relations avec leurs employés, selon l’enquête de KPMG. Et le leader du mouvement patronal de s’interroger sur les difficultés potentielles de la mise en place d’une telle mesure dans un marché du travail en pleine mutation, oscillant notamment entre contrats courts et travailleurs à employeurs multiples.
Si des tracas supplémentaires sont donc redoutés par les dirigeants, le prélèvement à la source n’est pourtant pas un dispositif exceptionnel : il est pratiqué dans la quasi-totalité des grands pays développés.
avec lesechos