En attendant leurs confirmations par le Conseil Constitutionnel, seul organe habilité à officialiser ces résultats, les estimations font état d’une large victoire du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) comme attendu du fait de la couleur politique du corps électoral uniquement constitué par les conseillers municipaux. A une exception près, notamment dans la Région du Nord-Ouest, on aura globalement eu droit à un vote de cohérence de la part des militants du parti au pouvoir. Cependant nous nous gardons d’avancer le moindre chiffre en signe de respect de la coutume camerounaise en la matière depuis sept ans.
En effet ;sous l’influence de la crise ivoirienne qui a longtemps tenu en haleine l’opinion publique camerounaise, l’Assemblée Nationale qui exerçait alors seule la plénitude du pouvoir parlementaire, avait adopté un amendement de la loi électorale interdisant à Elections Cameroon (Elécam) , l’organe chargé de la gestion de l’’ensemble du processus électoral et référendaire ;de publier les tendances, c’est-à-dire les résultats partiels. L’instance n’avait jamais d’ailleurs eu la possibilité légale de rendre public les résultats provisoires qui eux sont globaux. En Côte d’Ivoire, à la suite de la présidentielle de fin 2010, alors que le Président de la Commission ElectoraleIndépendante avait déclaré Alassane Dramane Ouattara vainqueur, le Président de la Cour Constitutionnelle a quant à lui annoncé dans un premier temps la victoire du Président sortant Laurent Gbagbo à cette élection.
Il se rétractera après le dénouement d’une grave et meurtrière crise post-électorale qui a finalement vu le Camp Ouattara prendre le dessus. C’est pour éviter pareille situation au Cameroun que le pouvoir d’annoncer les chiffres des résultats des élections qu’il organise pourtant, a été retiré à Elécam. Cette interdiction a malheureusement été étendue aux journalistes et organes de presse sans qu’aucune loi ne la mentionne expressément. Il faut savoir tout d’abord que la loi électorale demande que les opérations de comptages de votes se déroulent en public et qu’en tant que quatrième, mieux un véritable contre-pouvoir aux trois autres qui sont les pouvoirs exécutif , législatif et judiciaire, la presse est non seulement un rempart contre les abus et autres injustices, mais surtout constitue un élément clé pour la consolidation de la démocratie lorsqu’elle jouit d’une véritable liberté.
Au Cameroun comme ailleurs, seules les instances juridictionnelles officialisent les résultats des élections en leur conférant techniquement ce que l’on appelle « l’autorité de la chose jugée ». Cela signifie à ce moment là que l’acte ne peut plus être attaqué en justice. Mais avant que les instances juridictionnelles ne se prononcent, longtemps avant c’est la presse dans des démocraties qui donnent les résultats des élections en premier lieu. La rapidité de publication des résultats d’un scrutin réduit les risques de manipulation des scores et donne une certaine assurance aux candidats relativement à la transparence et la sincérité des chiffres publiés. A l’ère des réseaux sociaux, il convient de permettre à la presse, si besoin est, en la dotant de moyens conséquents, ou à défaut à l’organe chargé de la gestion du processus, de donner les mêmes jours de vote tout au moins les premiers résultats des élections. Les fake news sur les réseaux sociaux menacent plus la paix sociale à ces occasions.
Avec panoramapepers