La Côte d’Ivoire tourne la page de la crise postélectorale. Le Conseil de sécurité a levé jeudi 28 avril les dernières sanctions qui pesaient sur Abidjan. Elles concernent des sanctions ciblées comme le gel d’avoirs et des interdictions de voyager ou encore l’embargo sur les armes décrété en 2004. L’ONU annonce également le départ définitif de sa mission l’ONUCI à la fin juin 2017.
Le Conseil de sécurité a plus souvent l’habitude de voter des sanctions que de les lever. Les diplomates ne cachaient donc pas leur satisfaction du travail accompli en Côte d’Ivoire ces douze dernières années. Une véritable « success story » selon eux, rapporte notre correspondante à New York, Marie Bourreau. La résolution adoptée unanimement « salue les progrès remarquables accomplis par la Côte d’Ivoire sur la voie d’une paix et d’une stabilité durables et de la prospérité économique ».
Tous les outils à disposition du Conseil de sécurité avaient été utilisés pour ramener la stabilité dans le pays depuis 2004 : sanctions ciblées avec gels des avoirs et interdiction de voyager contre six personnalités, dont le couple Gbabgo et des proches de l’ancien régime, embargo sur les armes et sanctions économiques.
Toutes ces sanctions sont donc levées « avec effet immédiat », précise la résolution. L’embargo avait déjà été assoupli en 2012. En 2014, l’ONU avait levé un embargo datant de 2005 sur les ventes de diamants ivoiriens.
La mission de l’ONU en Côte d’Ivoire, l’ONUCI, sera prorogée pour une dernière période prenant fin le 30 juin 2017. Passée cette date, ce sont les forces de sécurité ivoiriennes qui assureront la protection du pays. Les effectifs militaires de la mission passeront de près de 4 000 actuellement à 2 000 d’ici au 31 août 2016. A son apogée en 2012, l’ONUCI comptait 9 762 hommes.
Une nouvelle appréciée par la Côte d’Ivoire
L’embargo sur les armes avait partiellement été levé en 2012 pour permettre l’acquisition d’armes ou d‘équipements non létale. Mais à présent, il n’y a plus de limite à l’achat d’armes pour une armée qui, selon certains experts, connaît de nombreuses carences et dispose d’un matériel obsolète.
Le matériel de transport du type Acma, de grosses jeeps servant de transport de troupes, pourra être renouvelé. En cause : il en manquerait 2 500 pour l’armée. De même, les vedettes et patrouilleurs maritimes, que vient d’acquérir la marine ne sont pas armés, ce qui pourrait évidement occasionner certains problèmes en cas de confrontation avec des pirates qu’ils croisent non loin de côtes ivoiriennes. Enfin, l’armée a besoin également d’hélicoptères, qui depuis les événements de 2010 et 2011, n’ont pas été remplacés.
Dans la loi de programmation militaire 2016-2020, le gouvernement ivoirien a prévu de dépenser 800 milliards de Francs CFA, 1,220 milliard d’euros pour l’équipement de l’armée.
« La Côte d’Ivoire a retrouvé la normalité »
A Abidjan, le président ivoirien, Alassane Ouattara a reçu ce jeudi le secrétaire d’Etat français chargé du Commerce, ainsi qu’une importante délégation de chefs d’entreprises français. L’occasion pour le chef de l’Etat ivoirien d’appeler à l’accroissement des échanges entre son pays et la France et de se réjouir de la levée de l’embargo.
« Les perspectives d’augmentation de nos échanges, c’est quelque chose que nous saluons et je sais que votre séjour ici nous permettra d’aller encore plus vite dans cette ambition qui permettra à la France de réoccuper sa première place, la place qui est dans notre cœur. Vous connaissez les liens très forts entre bien sûr la République française et la Côte d’Ivoire, entre les Ivoiriens et les Français. Ces moments douloureux que nous avons vécu en 2004 sont derrière nous et je suis particulièrement heureux de voir autant d’entrepreneurs qui soient là et je voulais vous remercier de cette confiance », a déclaré Alassane Ouattara.
« La Côte d’Ivoire a retrouvé la normalité, poursuit le président ivoirien, et ceci est d’ailleurs confirmé aujourd’hui par une résolution du Conseil de sécurité qui va annoncer la levée de l’embargo et des sanctions sur la Côte d’Ivoire. Donc après 15 années de turbulences, la Côte d’Ivoire est devenue maintenant un pays normal et nous comptons sur vous pour que cette normalité se traduise en croissance encore plus forte, en croissance partagée, en croissance pouvant réduire la pauvreté parce que c’est cela l’objectif. »
Avec Rfi