Le président du Nigéria Muhamadu Buhari (photo), a demandé à la Banque mondiale de l’aider à accélérer le rapatriement de 320 millions $ détournés à l’époque du Général Sani Abacha, et détenus dans des comptes en Suisse. La demande a été faite à Sri Mulyani Indrawatito, la directrice générale de l’institution, qui effectuait une visite de travail dans le pays, après son escale camerounaise.
« Nous avons besoin de l’aide de la Banque mondiale pour le rapatriement de ces fonds. Si l’utilisation des fonds précédemment rapatriés avait été faite de manière peu efficiente, je puis vous assurer que ce ne sera pas le cas cette fois », a fait savoir le président Buhari. Les autorités helvètes avaient marqué leur accord pour le rapatriement des dits fonds à condition que cela serve à financer des projets de développement, sous l’égide de la Banque mondiale.
La visite de la Sri Mulyani Indrawatito a aussi été l’occasion de reprendre un dialogue direct sur la situation économique de la première économie d’Afrique. Celle-ci subit le double choc de la baisse des quantités et des prix du pétrole qu’on y produit. Une situation qui conduit à une réduction des recettes extérieures, des revenus publics, l’accroissement de son déficit et le repli de la valeur réelle de sa monnaie (naira) sur le marché international.
Mme Indrawatito a globalement évoqué différents moyens d’accompagner le Nigéria, mais plus personne n’est revenu sur les prêts de 2,5 milliards $ et de 1 milliard $ demandés respectivement à la BM et à la Banque africaine de développement début février 2016. Pour ce qui concerne la Banque mondiale, l ‘opération nécessitait un appui du FMI. Or ce dernier, comme plusieurs investisseurs internationaux, souhaitent voir le Nigéria faire flotter sa monnaie, ou tout au moins, la dévaluer officiellement. Une issue qui constitue aujourd’hui une pomme de discorde entre le pays et ses différents partenaires économiques occidentaux. Buhari reste ferme sur le fait qu’une dévaluation du naira n’est pas une solution pertinente, brandissant l’expérience du passé, et le risque d’inflation. Par ailleurs, il a signé des accords avec la Chine, se donnant ainsi une marge de manœuvre en cas de rupture avec les Occidentaux.
avec agenceecofin