Ces dernières années, les autorités russes ont entrepris de faciliter quelque peu le processus de demande de la citoyenneté russe. Un statut spécial est disponible pour les citoyens de l’ex-URSS, les russophones, les investisseurs, les professionnels hautement qualifiés et les jeunes talents. Début mars, le président Vladimir Poutine a par exemple réitéré le souhait de la Russie d’attirer des étudiants étrangers et de créer des conditions suffisantes pour les encourager à rester travailler sur le territoire national.
Par ailleurs, le processus de demande de citoyenneté russe semble s’aligner avec les conditions avancées par les nations occidentales. La Russie exige ainsi que le candidat ait vécu au moins cinq ans dans le pays, parle la langue nationale et connaisse les bases de l’histoire de la nation, tout comme le font le Royaume-Uni et les États-Unis. De plus, la Russie, tous comme les USA, demande aux potentiels futurs citoyens de prêter serment d’allégeance.
Il y a cependant des différences, certaines paraissant bonnes, d’autres mauvaises. La Russie n’accepte par exemple pas la double nationalité, contrairement à de nombreux pays occidentaux, mais d’un autre côté elle ne requiert pas que le candidat passe un entretien (comme c’est le cas aux États-Unis) ou qu’il réside dans le pays au moins 10 ans avant de formuler sa demande (ce qu’exige la Suisse).
Combien convoitent le passeport russe et pourquoi?
Vladimir Poutine rencontrant Steven Seagal au Kremlin, à Moscou, en 2016.
Reuters
Selon le ministère russe de l’Intérieur, pas moins de 265 316 étrangers sont devenus citoyens de Russie en 2017, soit près de 22 000 chaque mois. Cela représente une sensible hausse comparé à l’année précédente.
Au cours des dernières années, un certain nombre de célébrités internationales, telles que l’acteur américain Steven Seagal et le footballer brésilien Mario Fernandes, ont reçu un passeport russe. Si certains l’ont fait par pur amour de la Russie, d’autres étaient en quête de nouvelles opportunités de carrière. Cela semble d’ailleurs être également un motif récurent pour le commun des mortels.
« J’ai choisi un pays où je pourrais m’installer après ma sortie de l’université et appliquer au maximum mes compétences, confie une jeune femme venant de Lituanie quant à sa décision de demander la citoyenneté russe. Je ne trouve pas les pays européens attractifs à cause de la mentalité locale, en plus vivre là-bas coûte assez cher ».
Une femme d’Ukraine, étudiant le chinois, pense elle aussi que la Russie offre plus d’opportunités pour le développement professionnel, en plus d’être peuplée par une multitude de personnes avenantes.
« Quand je suis à Moscou je suis entourée par des gens qui ont plus de succès, qui sont plus intelligents et plus proactifs que moi, cela me motive à grandir. Je sais que j’arriverai à y trouver une activité en lien avec la Chine », affirme-t-elle.
« J’ai déménagé pour des raisons économiques, explique Xavier Faure, un demandeur ayant quitté la France pour la ville de Koungour (1 194 kilomètres à l’est de Moscou), dans la région de Perm il y a cinq ans. Il n’y avait pas de travail pour moi. Je suis pilote de montgolfière et il y avait de moins en moins de touristes à Lille, où je vivais. À Koungour, les gens sont plus gentils et plus actifs. En plus, le club de montgolfière est plus animé ».
Conditions générales
Avant de formuler une demande de citoyenneté russe, il est généralement exigé d’un étranger qu’il obtienne un permis de résidence temporaire, puis un permanent. Il est cependant possible de monter un dossier au-delà des frontières russes, mais cela nécessite un ensemble différent de documents.
Lire aussi : Trouver un emploi en Russie: sept questions à se poser
Voici les prérequis pour toute personne souhaitant obtenir la citoyenneté russe :
– avoir résidé sur le territoire russe au moins cinq ans depuis l’acquisition du permis de résidence
– avoir une source légale de revenus
– renoncer à la citoyenneté précédente
– ne pas avoir de précédents criminels en Russie et respecter la législation du pays
– parler russe
Par ailleurs, afin de recevoir un permis de résidence, temporaire, puis permanent, une personne doit aussi fournir un certificat médical, qui ne peut être obtenu que par le biais d’un centre médical approuvé.
« Des problèmes de légalité peuvent survenir si certains documents nécessaires n’adhèrent pas aux exigences russes, sont préparés incorrectement ou sont tout simplement absents, précise Vladimir Starinski, co-gérant du cabinet juridique Starinski, Kortchago et Partenaires. Dans ce cas la demande sera renvoyée et refusée ».
Il recommande d’ailleurs d’engager un spécialiste qui se chargera de ces démarches afin d’éviter d’éventuels soucis et pertes de temps.
Pour passer l’un des examens détaillés pour la résidence ou la citoyenneté, il vous faudra payer. Initialement, un permis de résidence temporaire demande un certain niveau de compétences en russe, ainsi que des connaissances au sujet de l’histoire et de la législation du pays. Au moins cinq and plus tard, un autre examen de langue pour la citoyenneté contrôlera votre grammaire, ainsi que votre compréhension et expression écrites et orales.
Certains candidats peuvent être exemptés d’examen : les citoyens de Biélorussie, les personnes souffrant d’un handicap, les mineurs, les hommes âgés de plus de 65 ans et les femmes de plus de 60 ans, les spécialistes hautement qualifiés et leur famille, et les russophones avérés.
Un chemin plus court et plus simple
Dans certains cas, un étranger cherchant à obtenir la citoyenneté russe n’aura pas besoin d’attendre 5 ans pour en faire la demande.
Ceux pouvant s’identifier à l’une des catégories qui suivent ont en effet la possibilité de constituer un dossier après seulement un an de résidence en Russie :
– a réalisé de remarquables accomplissements dans la science, la technologie ou la culture
– est détenteur d’une qualification professionnelle fortement demandée en Russie
– a reçu l’asile politique en Russie
– est un réfugié, comme défini par la loi russe
Il existe également une procédure séparée et « simplifiée » réduisant les délais d’évaluation des demandes de un an à entre trois et six mois pour ceux qui :
– ont le statut de « russophone » (ceux qui vivent à l’étranger mais parlent russe à la maison et souhaitent vivre en Russie)
– sont nés en Union soviétique et avaient un passeport soviétique
– ont un parent citoyen de Russie et vivent de manière permanente dans le pays
– sont mariés à un(e) citoyen(ne) russe depuis plus de trois ans
– ont un enfant ayant la citoyenneté russe
– ont obtenu leurs certifications professionnelles en Russie et travaillent dans le pays depuis plus de trois ans
– ont une entreprise en Russie depuis plus de trois ans et ont payé des taxes annuelles (supérieures à un million de roubles)
– sont des investisseurs possédant plus de 10% des parts d’une compagnie russe dont le capital dépasse 100 millions de roubles
– sont des spécialistes hautement qualifiés ayant travaillé en Russie plus de trois ans
Ceux qui servent dans l’armée russe sous contrat peuvent également faire la demande de citoyenneté via une procédure nouvellement simplifiée. Ils doivent alors renoncer à leur ancienne citoyenneté, prouver leur maîtrise du russe et obtenir le consentement des dirigeants de l’armée. Aucun permis de résidence n’est alors requis.
Le cadre et les procédures légales sont soumis à des changements continus, il est donc préférable de vous adresser à l’ambassade russe ou au consulat de votre pays. Si vous vous trouvez en Russie, il vous est également possible de vous rendre au bureau du ministère de l’Intérieur.