Le Bénin s’est tournée depuis un certain moment vers la Chine pour financer la réalisation d’un chemin de fer « moderne ». Au même moment, il y a un projet initié par l’industriel français, Bolloré visant la construction et la réhabilitation de plus de 3000 kilomètres de voies ferrées en Afrique, et qui passe par le Bénin.
Dans un entretien exclusif accordé à Challenges, le président béninois Patrice Talon explique de long en large pourquoi le projet de l’industriel français est inadapté.
Patrice Talon a ses idées (très arrêtées) sur le grand projet de boucle ferroviaire de 3000 kilomètres, qui doit relier Cotonou à Abidjan, la capitale ivoirienne, en passant par le Niger et le Burkina Faso (1170 kilomètres de voies à construire, le reste à réhabiliter). Un chantier gigantesque lancé par le groupe Bolloré, évalué à 3 milliards d’euros.
Malheureusement les travaux ont été stoppés depuis plus de deux ans par la justice béninoise. En effet, la justice béninoise avait fait droit à un homme d’affaires béninois au nom de Samuel Dossou avait intenté un procès contre le groupe Bolloré. Il estimait avoir des droits concédés antérieurement par le gouvernement béninois.
Pour le président Béninois, il est nécessaire de sortir de cet « imbroglio juridique ». Il estime pour sa part que les deux protagonistes devraient se retirer de manière consensuelle du projet ferroviaire. Il n’a pas manqué de souligner dans l’interview que le groupe Bolloré et l’homme d’affaires béninois au nom de Samuel Dossou devraient être « indemnisés de façon équitable »
Pour Patrice Talon, Bolloré doit abandonner son projet de boucle ferroviaire. « Le modèle n’est pas bon. Un investisseur privé ne peut pas financer seul le chemin de fer que nous voulons. Nous avons besoin d’un équipement moderne. Avec le projet tel qu’il a été conçu par Bolloré, les investissements auraient été datés », a déclaré le président béninois à Challenges.
Il donne raison aux détracteurs du Groupe Bolloré qui jugent son chemin de fer de « bas de gamme », avec des rails à « écartement métrique » plus étroits que les rails de standard international et du matériel roulant d’occasion. « Notre chemin de fer ne doit pas nous éloigner de l’avenir », résume-t-il dans l’interview. Il affirme par ailleurs avoir la même vision que le président du Niger, Mahamadou Isoufou sur ce dossier.
Patrice Talon reste convaincu que seule la Chine est à même de financer et réaliser un tel projet pour son pays. « C’est le partenaire le plus indiqué, le choix le plus réaliste pour un tel projet. La Chine dispose des moyens financiers nécessaires. Elle a annoncé qu’elle allait apporter 60 milliards de dollars à l’Afrique, pour financer notamment les grandes infrastructures. Et elle a démontré son savoir-faire technique », souligne Patrice Talon
Les Chinois viennent, en effet, d’inaugurer la ligne électrifiée Djibouti-Addis Abeba, la capitale éthiopienne. Les 756 kilomètres de voies, réalisées par deux sociétés chinoises, ont coûté pas moins de 4 milliards de dollars, financés par la Chine.
Avec africatopsuccess