Au Burkina Faso, à quelques heures de la reprise du procès du coup d’Etat manqué de septembre 2015, les avocats des accusés ne sont pas contents du traitement judiciaire de l’affaire. Après avoir récusé la légalité du décret portant sur la nomination du président l’instance devant laquelle doivent comparaitre les généraux Gilbert Dienderé et Djbrill Bassolé ainsi que 82 autres accusés, les avocats dénoncent certaines anomalies n’ont pas été corrigées avant l’audience de mardi 21 mars. Des anomalies qui font planer le doute sur la reprise effective du procès qui avait été suspendue le 27 février dernier.
Les avocats des accusés ne sont pas contents, et ils l’ont fait savoir dès le début de leur conférence. « Nous ne pouvons pas laisser passer des monstruosités » a martelé maître Mathieu Somé, l’un des avocats du général Gilbert Dienderé. Selon lui, les accusés sont convoqués devant la chambre de première instance du tribunal militaire. Or, les magistrats devant lesquels ces mêmes accusés doivent comparaitre, ont été nommés pour occuper des fonctions dans une juridiction appelée la chambre de jugement.
« Le décret comporte toujours des erreurs. Ouédraogo Seydou ne peut pas venir nous dire qu’il est le président de la chambre de première instance, il est nommé clairement ici président de la chambre de jugement, explique maître Mathieu Somé. J’ai tout l’impression qu’il y a quelqu’un d’autre qui n’a pas intérêt à ce que le dossier soit jugé. Il faut que l’on arrête de dire que ce sont nos clients qui ne veulent pas être jugés ! ».
Pour les avocats de la défense, le procès ne sera pas équitable, car les juges qui trancheront sur cette affaire du coup d’Etat sont nommés sur proposition de René Bagoro, l’actuel ministre de la Justice, qui s’est constitué partie civile dans le dossier. René Bagoro, alors ministre de l’habitat, avait été séquestré par des éléments de l’ex-régiment de sécurité présidentielle lors du Coup d’État.
« Il est établi que les juges qui nous jugeront ont été nommés par René Bagoro, lance maître Christophe Birba. Nous pensons que c’est un boulevard pour notre condamnation que d’être jugé par le plaignant par personnes interposées ».
Les avocats de la défense affirment avoir soumis toutes les problèmes constatés et attendent des réponses afin que le procès prévu pour ce mercredi 21 mars se déroule bien.
Avec RFI