La réduction de la pauvreté est une préoccupation du gouvernement ivoirien. Dans cet entretien, la ministre du Plan et du Développement, Nialé Kaba, souligne que le taux de pauvreté est passé de 48,9 % en 2008 à 46,3 % en 2015.
Madame la Ministre, quel est l’état de la pauvreté, aujourd’hui, dans notre pays et comment l’indice de pauvreté a évolué au cours des vingt dernières années ?
L’Enquête sur le Niveau de Vie (ENV) de 2015 a montré que le taux de pauvreté a baissé en Côte d’Ivoire, passant de 48.9 % en 2008 à 46.3 % en 2015. Cette baisse est plus prononcée en milieu rural qu’en milieu urbain. Ce qui reflète une plus grande réduction de la pauvreté dans nos campagnes.
Pour rappel, la première enquête sur la mesure de la pauvreté, réalisée en 1985 avait révélé un indice de pauvreté de 10 %. Six évaluations du niveau de la pauvreté et des conditions de vie des ménages réalisées en 1993, 1995, 1998, 2002, 2008 et 2015 ont permis de situer l’indice de pauvreté, respectivement à 32.3 %, 36.8 %, 33.6 %, 38.4 %, 48.9 % et 46.3 %.
Sous l’effet des réformes institutionnelles et des politiques économiques menées par S.E.M Alassane Ouattara, Président de la République, le taux de pauvreté a connu sa deuxième baisse en 2015 après celle de 1998. Cette baisse est imputable aux investissements massifs dans les secteurs sociaux, notamment l’éducation, la santé, l’eau potable et l’assainissement. Elle résulte également de la vigueur du secteur privé, dont les taux d’investissement n’ont cessé de croître depuis 2012. Ce qui se traduit par la création d’emplois et la redistribution de richesses aux travailleurs.
Les investissements dans les services sociaux de base, tels que l’eau, l’électricité et l’école sont-ils des indicateurs importants de réduction de la pauvreté ?
En Côte d’Ivoire, le seuil de pauvreté est le revenu minimal en dessous duquel une famille est considérée comme pauvre. Il est de 270 900 FCFA par personne et par an en 2016. Cet indicateur monétaire est complété par des indicateurs d’accessibilité et de bien-être pour apprécier la pauvreté et le développement humain.
Par exemple, en 2016, près de quatre ménages sur cinq (81 %) utilisaient une source améliorée d’eau potable, plus de 80 % des ménages ont accès à des infrastructures sanitaires de premier contact près de leur lieu de résidence, les écoles primaires se trouvent à moins de 5 Km du lieu de résidence des ménages dans 87,2 % des cas.
Par ailleurs, l’ENV 2015 a révélé une répartition du revenu moins inégalitaire en 2015 qu’en 2002 et en 2008.
Concrètement , quels sont les efforts entrepris par l’Etat ivoirien pour un meilleur partage des fruits de la croissance ?
Le gouvernement a pris depuis 2011 d’importantes décisions en faveur des fonctionnaires et agents de l’Etat. Et ce, en vue de corriger les disparités dans le traitement salarial, tout en relevant le pouvoir d’achat des fonctionnaires. L’on peut citer notamment les bonifications indiciaires au profit de certaines catégories de fonctionnaires et le déblocage des salaires en mai 2015 pour l’ensemble des fonctionnaires. Il y a eu également, des avancements indiciaires restés bloqués pendant plus de vingt ans et qui ont été suivis d’une revalorisation des salaires tous les deux ans.
Parallèlement, les revenus des paysans ont connu une nette conjugué de la hausse des prix et de l’augmentation des quantités produites. Au total, les revenus distribués aux producteurs sont passés de 3 000 milliards de FCFA à 6 000 milliards de FCFA entre 2012 et 2016. Concernant le secteur privé, l’on peut retenir la revalorisation conséquente du Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG). Le marché de l’emploi, quant à lui, est resté dynamique avec la création de plus de deux millions d’emplois entre 2012 et 2016. Les ressources budgétaires allouées aux dépenses dites “pro pauvres” sont passées de 1 080 milliards de FCFA en 2012 à 1 770 milliards de FCFA en 2015, et à 2 291 milliards de FCFA en 2018, soit près du tiers du budget.
Quelles sont les perspectives en matière de réduction de la pauvreté en Côte d’Ivoire ?
Les perspectives sont bonnes, parce que l’Etat continue de jouer sur l’ensemble des leviers qui devraient concourir à l’amélioration des conditions de vie des populations et à la réduction de la pauvreté. Pour renforcer la dynamique de l’activité économique, le gouvernement, sous la houlette du Premier Ministre Amadou Gon Coulibaly, poursuit les investissements dans les infrastructures économiques et sociales, renforce les politiques d’amélioration modernisation de l’administration et d’amélioration de la gouvernance. Par ailleurs, des mesures ont été prises pour encourager la transformation locale des matières premières avant exportation. Cela contribuera à créer davantage de valeurs ajoutées et d’emplois.