“Quelques mois auparavant, je me suis aperçu qu’il y avait comme une incompréhension entre mes salariés et moi. Je n’anticipais pas correctement les réactions de mes collaborateurs les plus jeunes, ceux de la génération Y. Il y avait un décalage croissant, et cela m’agaçait de sentir que je n’étais plus en phase. C’était gênant : 70% de nos salariés ont moins de 30 ans. Il fallait réagir.

J’ai rencontré une jeune entrepreneuse, Emmanuelle Duez, à la tête du cabinet de conseil The Boson Project. Elle travaille sur ces problématiques de communication avec la génération Y. Je lui ai donc demandé de venir en mission chez nous. Plusieurs choses intéressantes en sont ressorties.

D’abord, cela nous a servi pour penser l’aménagement de nos nouveaux locaux. Ce que voulaient les salariés, c’était un lieu de vie, pour se retrouver, partager, et plus desouplesse dans l’organisation. Ils désiraient pouvoir travailler ailleurs que dans leur bureau, mais aussi savoir que celui-ci restait à leur disposition, au gré de leurs envies.

Relation gagnant/gagnant. Mais le point fondamental, c’est que les Y arrivent sur le marché du travail avec l’idée que leur embauche est un deal, qu’elle doit déboucher sur une relation gagnant/gagnant. Ils estiment que l’entreprise a l’obligation de leur apporter des avantages en termes de cadre de vie, de formation, de mise en commun des compétences, de travail collaboratif… Ainsi, il est important pour eux d’être remerciés et félicités régulièrement. C’est comme dans un couple : oui, je pense à dire à ma femme que je l’aime, mais si je le lui disais plus souvent ça n’en serait que mieux.

Donner du sens. Vis-à-vis de leur management, ces jeunes collaborateurs sont aussi en quête de transparence et ont un grand besoin de communication et d’information. Ils veulent comprendre et demandent qu’on donne du sens à ce qu’ils font. Or, je me suis rendu compte que je ne le faisais pas assez. Je me contentais de leur envoyer un long e-mail tous les deux mois pour détailler la stratégie de l’entreprise. Personne ne le lisait.

Aujourd’hui, je fais un point avec tout le monde une fois par mois. Et, tous les deux mois, nous organisons une boîte à questions : chacun pose celle qu’il veut, les interrogations défilent sur un écran et j’y réponds en live. Evidemment, on ne peut pas tout raconter. Mais il faut, dans ce cas, expliquer pourquoi on tait certaines choses. Je n’avais pas réalisé à quel point ce besoin de transparence était important.”

SON PARCOURS : 

C’est en 1998, au cours de ses études, que Sébastien Forest (46 ans aujourd’hui) a l’idée de créer AlloResto. En pleine révision de ses examens, il a la flemme de cuisiner et ne trouve pas de restaurant capable de le livrer. En quelques mois, il monte un site et lève 10 miliions de francs (1,5 million d’euros). Quand la bulle Internet éclate, les investisseurs se retirent, le site est au bord de la fermeture. Commence alors une deuxième vie : en 2002, il reconstruit un business de zéro. Depuis 2004, il n’a cessé d’être rentable. Sa société emploie 60 personnes et son volume d’affaires est de 100 millions d’euros.

POURQUOI IL EST INSPIRANT : 

Malgré un succès précoce, suivi d’un échec qui aurait pu être fatal, il fait preuve de persévérance et de ténacité. Et puis c’est un patron qui partage : ses salariés sont tous actionnaires.