Al-Quds Al-Arabi jette un pavé dans la mare. Selon ce quotidien panarabe paraissant à Londres, l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis projetteraient de remettre l’ancien président Zine El-Abidine Ben Ali au pouvoir en Tunisie.
L’ancien locataire du palais de Carthage, poussé à l’exil – dans des circonstances troublantes – après les émeutes de janvier 2011 qui ont mis fin à son long règne, se trouve toujours à Riyad où les autorités saoudiennes lui ont accordé l’asile politique.
La décision de ces deux pays du Golfe de «corriger l’erreur» commise par de nombreux pays du Moyen-Orient et du Maghreb qui sont tombés dans le piège du «printemps arabe», semble liée au conflit qui oppose l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis à l’émirat du Qatar.
Les deux plus grandes monarchies du Golfe étaient, faut-il le rappeler, intervenues directement en Egypte pour faire renverser le pouvoir islamiste conduit par les Frères musulmans financés par Doha, et lui substituer le régime militaire d’Al-Sissi. Le même scénario va-t-il se produire en Tunisie où le Qatar a adoubé les extrémistes religieux et provoqué une vague de terrorisme sanglant que les Tunisiens pacifistes à l’extrême découvraient effarés ?
La Tunisie vit ses moments les plus difficiles depuis son indépendance. Sa «Révolution des jasmins» a entraîné le pays dans une spirale de violence et ruiné son économie.
Le pouvoir islamiste issu des premières élections post-Ben Ali avait dû se retirer après que l’Algérie eut pesé de tout son poids pour qu’Ennahdha de Ghannouchi n’offre pas cet Etat voisin au régime des Al-Thani sur un plateau. Le président Bouteflika avait dû consentir une aide financière conséquente pour permettre à ce pays de souffler, en attendant de remettre son économie sur les rails.
Mais la situation est allée en s’aggravant. Si bien que sept ans après la chute de Ben Ali, une majorité de Tunisiens en est encore à se demander si le «printemps» que Moncef Marzouki leur avait promis n’était, en fait, qu’une opération montée par les ennemis de la Tunisie pour réduire à néant tout ce que ce pays a construit jusqu’à devenir un exemple en matière de croissance économique et de développement humain.
L’Arabie Saoudite et les Emirats sont conscients que le vent a tourné et que les populations de la Tunisie profonde – aux oreilles desquelles le chant [des sirènes] des médias de propagande et des chantres de la démocratie à la Bernard-Henri Lévy ne parvient pas – accueilleraient leur ancien Président à bras ouverts.