Barack Obama a entamé dimanche une visite en Allemagne. Chez “ son amie ” Angela Merkel, il souhaite défendre le traité transatlantique de libre-échange.
Barack Obama est arrivé dimanche à Hanovre (nord de l’Allemagne), dernière étape de son périple qui l’a d’abord conduit en Arabie saoudite, afin de tenter de rassurer les pays du Golfe sur la solidité du soutien que leur apportent les États-Unis, puis au Royaume-Uni pour mettre en garde contre une sortie du pays de l’Union européenne.
Le président américain est venu inaugurer le salon industriel de Hanovre, grand-messe du « made in Germany » dont les États-Unis sont cette année le partenaire. Il offre aux dirigeants américain et allemand un tremplin idéal pour promouvoir l’accord de libre-échange actuellement négocié entre l’Union européenne et les États-Unis, connu sous les acronymes TTIP ou Tafta. Il compte sur sa complicité et le respect de son « amie » Angela Merkel (lire ci-dessous) pour faire avancer les négociations.
Qu’est-ce que le TTIP (ou le Tafta) ?
Le nom officiel est « TTIP », pour Transatlantic Trade and Investment Partnership (ou en français, le Partenariat Transatlantique de Commerce et d’Investissement soit le PTCI). Le TTIP est surnommé Tafta (Transatlantic Free Trade agreement) par ses détracteurs qui ont imposé cet acronyme dans le débat public. Ce traité doit instaurer une zone de libre-échange et d’investissement entre les États-Unis et l’Union Européenne et créer ainsi un marché commun aux règles simplifiées pour les 820 millions de consommateurs européens et américains.
Pourquoi les négociations achoppent-elles ?
Les tractations autour du TTIP butent actuellement sur des divergences tenaces entre les deux parties, alimentées par un scepticisme grandissant des opinions tant aux États-Unis qu’en Europe. En Allemagne, une manifestation d’opposants a rassemblé samedi à Hanovre plusieurs dizaines de milliers de personnes. Barack Obama espère pourtant boucler les négociations d’ici fin 2016 (lire ci-contre).
Pourquoi certains dirigeants sont-ils réticents ?
Au sein même du gouvernement allemand, pourtant considéré comme un des principaux défenseurs du projet en Europe, l’impatience grandit. L’accord « va échouer » sans concessions de Washington, a averti dimanche dans les médias le ministre allemand de l’Économie Sigmar Gabriel. « Les Américains ne veulent pas ouvrir leurs appels d’offres publics aux entreprises d’Europe. C’est tout le contraire du libre-échange, selon moi », a-t-il dénoncé.
Le numéro deux du gouvernement refuse d’avaler tout cru un texte qu’il résume pour l’instant à la devise : « Achetez américain ». La France fait aussi preuve de fermeté. François Hollande refuse de parler du TTIP lors d’une rencontre à cinq qui sera organisée lundi par Angela Merkel avec, outre Barack Obama, les dirigeants italien et britannique, selon l’hebdomadaire allemand Der Spiegel.
Repères
>> Depuis 2013. Les États-Unis et l’UE sont engagés depuis le 17 juin 2013 dans l’élaboration d’un accord de libre-échange dont un 13e cycle de négociations doit avoir lieu cette semaine à New York. L’une des ambitions de ce traité est de réduire les formalités administratives coûteuses entre les deux ensembles économiques pour générer un surcroît d’activité économique mais aussi de contrer – en formant ainsi un bloc représentant près de 50 % du PIB mondial – l’émergence d’autres ensembles. La Chine négocie un Regional Comprehensive Economic Partnership (RCEP) avec l’Inde et 14 autres pays asiatiques, tandis que les 54 membres de l’Union africaine discutent d’une Continental Free Trade Area (CFTA).
>> Des négociations à huis clos. Les négociations entre les deux parties se font à huis clos. Un argument supplémentaire pour les opposants au projet qui déplorent un manque de transparence. Ils craignent que l’harmonisation de normes induise une remise en cause de réglementations européennes protectrices, notamment dans le domaine agroalimentaire (OGM, poulets au chlore…). Ils redoutent aussi la mise en place d’un arbitrage privé des litiges entre États et entreprises, remettant en cause la souveraineté des États.
À suivre
Barack Obama, dimanche. « Angela (Merkel) et moi sommes d’accord pour dire que les États-Unis et l’Union européenne ont besoin de continuer de faire avancer les négociations. […] Je ne m’attends pas à ce que nous soyons en mesure de finir la ratification d’un accord d’ici la fin de l’année, mais je prévois que nous ayons terminé les négociations de l’accord […] et alors les gens seront en mesure de voir pourquoi cela serait positif pour nos deux pays ».
Angela Merkel. Un accord serait « d’une perspective européenne, d’une grande aide, pour permettre à notre économie de croître »
Avec lanouvellerepublique