Si l’Afrique du Nord a réalisé en 2017 le deuxième taux de croissance le plus élevé du continent, c’est notamment grâce au Maroc. C’est ce que révèle un rapport de la Banque africaine de développement (BAD) présenté hier en Tunisie. Portée par les performances économiques marocaines (taux de croissance de 4,1%), la région nord-africaine a enregistré une croissance de 5%, tout juste derrière l’Afrique de l’Est (5,6%).
Selon le rapport, dévoilé officiellement en janvier 2018 et discuté hier par l’économiste régionale de la BAD, cette croissance devrait s’accélérer encore en 2018 pour atteindre 5,1% avant de ralentir pour s’établir à 4,5% en 2019. “Ces chiffres s’expliquent notamment par la performance du Maroc, qui a vu son taux de croissance augmenté, stimulé par la hausse de la productivité agricole, qui a profité d’une bonne saison pluviale conjuguée aux impacts positifs du déploiement du Plan Maroc Vert”, explique l’experte de l’institution africaine.
Le royaume n’est toutefois pas le seul contributeur à la performance de sa région. La reprise de la production pétrolière de la Libye, plus importante que prévu, l’a également soutenu, permettant au pays de réaliser une croissance de 5,1% en 2017. Portée par son programme de réformes macroéconomiques et structurelles, l’Égypte a affiché, elle aussi, une croissance de son PIB, de l’ordre de 4% en 2017, a ajouté la même source.
Attention cependant car la croissance de l’Afrique du Nord reste “volatile et fragile” étant donné que la région souffre du paradoxe “croissance sans emploi”. En effet, l’évolution positive réalisée sur la période 2011-2017 a été peu créatrice d’emploi avec des taux de chômage élevés en comparaison à d’autres régions du monde, a expliqué la BAD, rappelant que 30,5% de la population jeune dans la région, qui représente 40%, sont au chômage, faisant état d’une inadéquation entre l’offre et la demande d’emploi notamment en Égypte et en Tunisie.
S’agissant de la composition des exportations des pays de la région, le rapport fait état d’un modeste niveau de diversification et sophistication des exportations. Des remarques qui rejoignent celles faites par le HCP concernant la diversification du tissu productif. La BAD recommande en ce sens de mener des politiques macroéconomiques prudentes et rompre progressivement avec les politiques budgétaires expansionnistes adoptées par certains pays, depuis 5 ans, pour contenir la demande sociale pressante. Elle invite également à réduire les déséquilibres budgétaires et accroitre l’efficacité de la dépense publique à travers un accroissement des dépenses en capital au détriment des dépenses courantes.