La ministre de l’Enseignement supérieur, Hélène David, a plaidé mercredi que l’enjeu est trop complexe pour être réglé «par oui ou non» et elle attend une étude d’impact avant de trancher.
Elle répondait à l’opposition officielle qui tentait de savoir si les droits de scolarité allaient être déréglementés, durant l’étude des crédits du ministère de l’Enseignement supérieur, au Salon rouge de l’Assemblée nationale.
Le Parti québécois s’inquiète de l’effet d’une hausse des tarifs sur les universités de langue française, qui auraient du mal à attirer des étudiants de la Francophonie, particulièrement de la France. Une déréglementation profiterait bien davantage financièrement aux universités de langue anglaise qu’aux francophones.
Rappelons que depuis 2014, les étudiants français inscrits au baccalauréat au Québec paient les même droits que les Canadiens hors-Québec, soit environ 6000 $ par an, alors qu’auparavant, ils acquittaient les mêmes droits que les étudiants québécois, en vertu d’une entente de réciprocité avec la France. La facture des autres étudiants étrangers au bac s’élève désormais à 15 000 $ par an.
Le PQ rapporte depuis une baisse de 14 pour cent des inscriptions des étudiants français, ce qui signifie moins de revenus donc pour les établissements.
«C’est profondément inquiétant», a laissé savoir le porte-parole de l’opposition officielle en matière d’éducation, Sylvain Gaudreault, qui a talonné la ministre pour lui arracher une réponse mercredi après-midi, mais en vain.
Le député péquiste de Jonquière a reproché à Mme David de tenir un double discours, à la fois de se dire «francophile», mais aussi de faire valoir que les droits de scolarité sont déjà déréglementés dans certaines disciplines, le droit, l’administration, les mathématiques, les sciences pures, l’informatique, le génie.
«Qu’elle nous dise aujourd’hui qu’elle ne veut pas déréglementer davantage», a-t-il réclamé, en rappelant que la ministre des Relations internationales avait dit être réfractaire à d’autres hausses pour les étudiants étrangers.
«Si vous cherchez la solution la plus simple, ce serait de laisser les choses telles qu’elles sont», a suggéré M. Gaudreault.
La ministre de l’Enseignement supérieur a répondu que la situation était «trop complexe pour dire oui ou non» et que «trouver un consensus n’est pas si simple que ça».
La députée d’Outremont a fait valoir qu’il y avait des équilibres linguistiques, financiers, entre les régions et les grands centres, et des considérations de familles disciplinaires à maintenir.
«Si la vie était si simple (…), on aimerait tous être à la gestion de ministères et à la gouvernance de décisions fort importantes pour l’avenir du Québec», a déclaré la députée d’Outremont.
Elle a expliqué qu’il fallait réfléchir en fonction d’une «vision globale» qui intègre autant le monde anglo-saxon que la Francophonie. Elle a assuré néanmoins qu’elle était très francophile dans sa «façon de réfléchir».
«Je suis une fanatique de l’internationalisation de nos collèges et de nos université, on a quelque chose de trop formidable à offrir à la Francophonie», a-t-elle affirmé.
Elle a rappelé que les étudiants français à la maîtrise et au doctorat jouissaient encore des mêmes droits de scolarité que les Québécois et que c’est plutôt une hausse de 8 pour cent de la clientèle en provenance de la France qui avait été enregistrée depuis l’an dernier.
Mme David attend toutefois la fin de l’année scolaire pour qu’une étude d’impact soit complétée, concernant l’effet de la hausse des droits de scolarité.
«On va faire une étude et on va prendre la décision la plus sage possible», a-t-elle conclu.
Avec L’actualité