Sept organisations environnementales ou agricoles ont claqué la porte du Haut conseil des biotechnologies, chargé de fournir une expertise aux pouvoirs publics sur les OGM.
Ces organisations dénoncent une « mascarade » et accusent le HCB d’être aux mains de lobbyistes.
Les « nouveaux OGM », issus de nouvelles techniques de modification génétique, méritent « un réel débat sociétal et scientifique, impossible au sein du Haut conseil des biotechnologies », écrivent dans un communiqué commun Les Amis de la Terre, France Nature environnement, Greenpeace, l’Union nationale de l’apiculture française, la Confédération paysanne, la Fédération de l’agriculture biologique et le Réseau semences paysannes.
« Un constat amer »
« C’est pourquoi aujourd’hui (mercredi), nos sept organisations de la société civile (…) démissionnent conjointement de cette instance, aux mains des lobbyistes de l’agrochimie et des OGM », expliquent-elles.
« Après plusieurs mois de travaux », les sept organisations « font le constat amer que tout débat sur la question des nouveaux OGM est forcément tronqué au sein du HCB ».
Elles expliquent ne pas vouloir participer à une « mascarade » voulant faire croire que « ces nouvelles techniques de modifications génétiques ne sont que de simples mécanismes naturels de mutation ».
Fin février, elles avaient annoncé leur décision de boycotter le HCB, l’accusant d’avoir censuré « un avis scientifique divergent pointant les risques des nouveaux OGM ».
« Un vrai-faux avis scientifique »
Le HCB avait publié début février un avis sur de nouvelles techniques de modification génétique et le statut juridique des produits végétaux et animaux issus de ces techniques, qui n’incluait pas cet avis divergent.
Cet avis divergent n’ayant toujours pas été publié, les organisations estiment que « le HCB s’acharne à dissimuler toutes les données scientifiques qui remettent en cause les nouvelles techniques de modification génétique ». « Résultat : le gouvernement français se base sur un vrai-faux avis scientifique totalement partial », estiment-elles.
« L’enjeu est absolument crucial puisque la Commission européenne, après huit ans de controverses sur le statut de ces nouveaux OGM, publiera prochainement une interprétation juridique en ayant le vrai-faux avis comme référence française », soulignent les organisations.
Démission du vice-président
Elles ont adressé début avril une lettre ouverte au commissaire européen chargé de la santé et de la sécurité alimentaire Vytenis Andriukaitis. Et le vice-président du Comité économique et social du HCB Patrick de Kochko a présenté sa démission.
Le HCB est composé d’un comité scientifique et d’un comité économique, éthique et social, dont sont membres les sept organisations.
Cette instance issue du Grenelle de l’Environnement a été créée en 2009 pour développer une expertise sur les nouvelles technologies, comme les OGM ou les nanotechnologies, et éclairer les décisions des politiques sur ces dossiers polémiques.
Avec ouest-france.fr