L’Afrique était fortement représentée au premier sommet fondateur de l’Alliance solaire internationale (ASI) qui s’est tenu ce dimanche 11 mars à New Delhi en Inde. Ils sont en effet une dizaine de chefs d’Etat africains à avoir répondu présent à l’invitation du président français Emmanuel Macron et du Premier ministre indien Narendra Modi, à cet évènement qui a enregistré la participation de délégations venues aussi d’Asie, d’Océanie et d’Europe.
La particularité des pays représentés à ce sommet, c’est qu’ils sont pour la plupart situés entre les tropiques du Cancer et du Capricorne, c’est-à-dire disposant d’un fort potentiel d’ensoleillement de 300 jours par an en moyenne. Des pays sur lesquels mise l’ASI pour accroître la production d’énergie solaire en mobilisant les financements nécessaires, notamment en faveur des pays pauvres.
Dans son allocution d’ouverture, le Premier ministre indien n’a d’ailleurs pas manqué de rappeler que l’énergie solaire est un puissant vecteur de lutte contre le changement climatique ainsi qu’à rehausser l’accès des populations des pays pauvres à l’énergie. Pour ce faire, il est nécessaire et même un préalable, selon le président français, pour parvenir à «lever tous les obstacles et changer d’échelle pour un développement conséquent de l’énergie solaire».
Dans son discours, Emmanuel Macron a évoqué trois chantiers prioritaires sur lesquels son pays entend agir de concert avec les autres nations pour contribuer à l’atteinte des objectifs de l’ASI. Il s’agit de l’identification des chantiers relatifs à l’énergie solaire dans chaque pays membre, la mobilisation des financements disponibles publics et privés et la proposition de solutions techniques innovantes et abordables.
1 000 milliards de dollars à mobiliser d’ici 2030
L’Alliance solaire internationale a été conjointement lancée en décembre 2015 à l’occasion de la COP 21 par la France et l’Inde. Elle ambitionne de mobiliser 1000 milliards de dollars d’ici 2030 aussi bien auprès d’investisseurs publics que privés afin de produire un térawatt d’électricité solaire. L’objectif visé est ainsi de réduire massivement les coûts de l’énergie solaire, répondre à la forte demande énergétique dans les pays en développement, ainsi qu’à contribuer à la lutte contre le changement climatique.
Sur les 121 concernés par l’ASI, près de 60 se sont déjà engagés dans le processus dont des pays africains. Le Sommet de New Delhi a d’ailleurs été l’occasion pour ces derniers de plaider leurs causes auprès de la communauté internationale. «La tenue de ce sommet inaugure notre l’alliance et fonde l’espoir qu’il consacrera une fois pour toutes, la place de choix qu’il faut accorder à l’énergie solaire dans les paradigmes du développement au 21e siècle», a estimé par exemple le président du Burkina Faso dans son intervention à la plénière de l’évènement. Tout en félicitant la France et l’Inde pour leur engagement autour de «cette idée originale de penser la coopération en matière de changements climatiques à travers la promotion d’une énergie alternative, saine et durable, en tirant bénéfice du soleil», Roch Marc Christian Kaboré a mis à profit l’occasion pour vanter le potentiel de son pays :
«Au regard de l’énorme potentiel de son gisement solaire, mon pays a fait l’option claire d’une transition vers les énergies vertes et renouvelables en s’appuyant sur la ressource solaire pour opérer des transformations socioéconomiques durables».
De son côté, le président du Niger a fait par de la volonté de développer un partenariat conséquent dans le domaine des énergies renouvelables et en particulier de l’énergie solaire, aussi bien dans le contexte de l’Alliance que sur le plan bilatéral. «Nous saluons le financement des projets solaires par Eximbank Inde ainsi que par l’Union européenne et la France»,a déclaré Issoufou Mahamadou qui a aussi déploré à la tribune du sommet «les conditionnalités du FMI qui nous limitent l’accès à des sources de financement, y compris concessionnelles».
«L’Alliance solaire internationale se propose de transformer ce handicap que constitue l’extrême ensoleillement en une opportunité de nature à booster le développement économique et social de ces pays. C’est désormais une évidence, qu’aucun développement n’est possible sans la garantie d’un accès adéquat à l’énergie. L’énergie, en quantité suffisante est consubstantielle au développement et à la prospérité mondiale. En effet, grâce à l’énergie, les populations des pays cibles pourront accroître leur production agricole, développer des industries et des services, et de manière générale, améliorer leur cadre de vie», a plaidé Issoufou Mahamadou.
Agenda solaire international
Le Sommet de l’ASI s’est achevé par l’adoption d’un document appelé «Agenda solaire de New Delhi» qui constitue la feuille de route pour la mise en œuvre de l’initiative.
Les premiers financements ont également été annoncés en faveur des 100 projets prioritaires retenus pour le lancement de la première phase de mobilisation des financements. Plusieurs partenaires ont également fait part de leur volonté à participer à l’initiative sans pour autant avancer des montants.
La France s’est engagée à travers son président à dégager d’ici à 2022, quelque 700 millions d’euros supplémentaires, en prêts et en dons, qui seront débloqués par l’Agence française de développement (AFD), pour soutenir des projets dans la soixantaine de pays adhérents à l’initiative. Ce qui, d’après Macron, portera à 1 milliard d’euros l’engagement de Paris depuis la création de l’initiative, puisque 300 millions d’euros ont déjà été investis dans ce domaine. L’Union européenne a également signé des accords de financement tout comme des banques indiennes qui ont voulu marquer l’évènement.
Pour l’Afrique, le sommet de New Delhi a donc été une nouvelle occasion de quête de financement et après les promesses, c’est désormais du respect des engagements souscrits que dépend la réussite de l’initiative.